Rien ne s'oppose à la nuit par Plume
J'avais lu, entendu, nombres d'éloges sur ce roman et pourtant rien n'aurait vraiment pu me préparer à cette lecture. Nous avons tous une mère : différente, idolâtrée ou détestée, appropriée... et le travail de Vigan qu'elle que soit la mère qu'on ait ou qu'on ait eu ne peut que faire écho chez le lecteur.
L'auteure se prête à un jeu difficile, celui de l'analyse impossible d'une mère, depuis ses yeux et sa compréhension d'adulte à travers ses souvenirs d'enfance. Difficile, elle le dit elle-même, souvent, dans ces chapitres qui alternent entre récit de la vie de sa mère et récit de son travail d'écriture. Elle dit écrire par besoin, pour pouvoir écrire ensuite autre chose, sans vraiment chercher la vérité mais une vérité plus proche du roman (ce qu'elle fait de mieux soit-dit en passant).
C'est d'ailleurs très vite la forme que prend son récit. Nous ne sommes pas face à une biographie ou à une énumération de faits, mais à un drame qui se joue souligné par les chapitres où l'auteure reprend le "je" et explique, analyse, cherche à comprendre.
Et au final quelque soit la part de "vérité" dans cet ouvrage on ne peut qu'être admiratif de la façon dont elle se livre, elle, son histoire et celle de sa famille avec justesse et sensibilité.
Ajoutons que face à cette écriture "pénible" d'un roman qui l'empêche de dormir, de ce retour dans le passé qui la rend presque malade, Vigan atteint des sommets de virtuosité au niveau du style. Quelques vérités universelles sur le rapport à la mère et d'autres passages qui ramenés à soi m'ont tiré quelques larmes (et de tels livres se comptent sur les doigts d'une main).
Que vous dire de plus ? J'ai adoré. Il a gagné une place de choix dans ma bibliothèque parce qu'il est à la fois un roman atypique et sincère et qu'il y a des rencontres avec des livres qui nous marquent au cœur et à l'âme, Rien ne s'oppose à la nuit en fait partie.