Faut pas nous prendre pour des quiches
Je sors du texte et je ne sais pas trop qu'en penser.
Il m'a ému sans que je le veuille vraiment et pas de la façon dont j'aime qu'un livre m'émeuve. Comme beaucoup j'imagine, j'ai trouvé des échos ici ou là, d'une période, d'un moment vrai, j'ai été perméable devant tel ou tel passage. Je n'ai pas été touchée par des personnages, c'est bizarre : j'ai ressenti de l'empathie pour des inconnus. C'est peut-être ça qui me trouble le plus.
J'ai quasiment tout lu d'un trait, j'ai lu d'un trait la biographie de la mère d'une personne que je ne connais pas. C'était une vie peu commune peut-être mais cela ne change rien au fait que je ne me sens pas en droit d'en lire le détail. C'est l'autothérapie de sa fille, cela concerne la famille peut-être les amis mais sans doute pas mon moment de détente. Pourquoi y avait-il ce besoin impérieux de partager tel quel ce journal personnel avec des yeux inconnus ? Un journal sans grande qualité littéraire par ailleurs. Ce n'est pas que c'est mal écrit, c'est que c'est tout plat. Entrecoupé d'interrogations de l'auteur-qui-montre-le-texte-en-train-de-se-construire qui m'irritent, donnent des allures de faux brouillon affecté. Évidemment que quand on écrit on met beaucoup de soi. Faut pas nous prendre pour des quiches. Même dans les fictions les plus éloignées, pourvu que les personnages aient quelque consistance. Mais là, là, il n'y a que du soi. On se fout de ma gueule de lectrice : bam je me dévide, clac je fais un point avec moi-même, et pouf, ça fait un livre.
Non, décidément, l'autofiction est pour moi une impasse et une facilité.