Comme dans la plupart de ses romans, Delphine de Vigan se livre beaucoup dans "Rien ne s'oppose à la nuit", une oeuvre biographique sur sa mère et partiellement autobiographique sur elle-même.
Le livre est court, 400 pages en poche et pourtant j'ai mis... trois mois pour en venir à bout alors que j'ai dévoré d'autres titres de l'autrice. le style reste impeccable mais j'ai été engluée d'ennui une très grande partie du temps.
La tâche que s'est fixée Delphine de Vigan est périlleuse, un exercice auquel un grand nombre d'écrivains s'est prêté, avec plus ou moins de succès : raconter sa mère. Rien que pour ça, je salue son courage.
Une partie du récit m'a touchée étant donné que j'ai moi-même eu la tristesse de perdre ma mère l'an dernier, partie trop jeune d'un cancer du sein. Par définition, on ne perd qu'une seule fois sa mère biologique et c'est un moment unique en son genre où les émotions se heurtent à une foule de questions qu'on découvre avec effroi - il est trop tard ! - n'avoir jamais posées. Angoisse, culpabilité, regret, remord... le cortège des sentiments qui nous assaille alors est aussi douloureux que complexe. Mais même si le thème de "Rien ne s'oppose à la nuit" - grand succès de librairie - avait tout pour emporter mon adhésion, je suis restée en dehors avec la sensation qu'une personne bavarde tenait à me rendre compte de manière trop exhaustive du passé de sa famille. Un témoignage que je comprends et respecte mais qui m'a tout de même paru bien soporifique.
Dans le même genre, mais d'un style plus brut et moins mélodramatique, j'ai été beaucoup plus marquée par "Une femme" d'Annie Ernaux que d'aucuns jugent trop chirurgical mais que personnellement j'ai trouvé touchant de sincérité et sans faux-fuyants.
Parler de ses parents, et particulièrement de sa mère, reste sans doute l'un des défis littéraires les plus sensibles dans la vie d'un auteur mais ici, hélas, rien ne s'est opposé à mon ennui.