Que le grand public ait plébiscité cet ouvrage, soit. C'est le type même de lecture qui ne s'encombre pas d'introspections pas toujours faciles à digérer mais qui, à l'opposé, ne se montre pas avare en narrations d'évènements plus dramatiques les uns que les autres. Entre suicides, morts accidentelles, dépressions, crises de délire, déviances sexuelles, il n'y avait pas de quoi s'ennuyer dans la famille de Delphine de Vigan !
Que la critique l'ait encensé me laisse en revanche perplexe tant ce faux roman- pourquoi ne pas le qualifier de récit autobiographique ?- me semble manquer de profondeur. Bien des personnages et des évènements auraient en effet pu fournir matière à eux seuls à une véritable oeuvre littéraire. L'adoption d'un enfant immédiatement après le décès accidentel du quatrième de la fratrie est un exemple parmi d'autres d'un traitement superficiel de la psychologie des personnages. Son mystérieux décès à l'âge de quinze ans ne fait guère l'objet de réflexions plus approfondies. On pourra bien sûr me rétorquer que le personnage central du livre est la mère de l'autrice, dont la vie on ne peut plus mouvementée et le suicide qui y a mis fin sont les conséquences d'un vécu particulièrement délétère qui ne pouvait être décrit de manière exhaustive. Il n'empêche que l'on puisse ressentir de rester sur sa faim.
"Trop, c'est trop." Considération certainement bien pauvre, mais c'est celle qui m'a accompagné tout au long de la lecture et qui a peut-être relégué à l'arrière-plan certaines richesses qui m'ont échappé dans un livre à sa manière foisonnant.