Un ouvrage historique, sobre, mais bien documenté, qui retrace la courte vie de Rino Della Negra, qui fut l'un des 24 fusillés du groupe Manouchian. Le bouquin s'appuie sur des témoignages, des documents d'époque (journaux, procès verbaux, archives militaires allemandes, documents divers conservés par les proches) et de précédents travaux d'historiens. Ce n'est pas du tout romancé, c'est au contraire très descriptif et cela confronte diverses hypothèses quant aux motivations de Rino et à la façon dont il a rejoint les FTP-MOI. Du boulot d'historien, en fait plutôt académique.
Le bouquin est court, 180 pages, et se lit rapidement si l'on ne tient pas compte des annexes : photos d'époque, bibliographie et index. Seulement 4 chapitres : la jeunesse, la lutte armée, l'arrestation et l'exécution et enfin les commémorations, ce dernier chapitre ramenant aux grandes heures du Parti Communiste Français (les années 50 et 60 au cours desquelles il avait encore un véritable poids politique dans ce pays. Curieusement et contrairement à ce que l'on pourrait penser, c'est d'abord en tant que membre du groupe Manouchian que Rino fut honore. Ce n'est que plus tardivement, au 21ième siècle, qu'il devint aussi une icône footballistique, pour les groupes d'ultras engagés politiquement à gauche, en premier lieu ceux du Red Star bien sûr, club emblématique de la ceinture rouge qui encadra durant quelques décennies le Paris bourgeois que l'on connait aujourd'hui.
Même si en définitive, Rino Della Negra ne joua quasiment pas pour le Red Star. Car il fut fauché à vingt ans alors qu'il n'était encore qu'une étoile montante dans le monde du football. Et, d'une certaine manière, sa trajectoire est plus emblématique des classes populaires immigrées antifascistes (ici, la communauté italienne d'Argenteuil) que des stars du ballon rond.