Adepte du genre horrifique, je me suis un peu lancé aveuglément dans cette lecture, sans savoir ce que j'allais y trouver. Je connaissais partiellement le synopsis, et l'idée de débuter une histoire qui se déroulait dans ce type d'intrigue m'intéressait car je n'y avais jamais fait face en littérature.
Commençons donc sans plus attendre en citant et en développant les nombreuses qualités de ce titre.
Tout d'abord, Rituel de chair dispose pour ma part d'une des principales qualités que se doit d'offrir un bon roman, c’est-à-dire un rythme soutenu et maîtrisé dans sa construction narrative. Du début jusqu'à la fin, l'intrigue ne m'a jamais paru soporifique. Elle sait très bien se doser comme il se doit en offrant au lecteur des scènes d'exposition de personnages, de tensions modérées et très intenses et de développement de l'univers sans que l'une d'entre-elle ne vienne affaiblir les autres par sa longueur ou sa lourdeur. De plus, Graham Masterton a pris le risque d'organiser son intrigue de la façon suivante :
Scène d'exposition // Investigation // tensions
Un schéma qui se répète tout le long du livre et qui pourrait donner la sensation d'un retour en arrière fort désagréable et une stagnation constante du scénario. Pourtant non, Graham Masterton arrive très bien à renouveler l'intention du lecteur avec l'arrivée de nombreux personnages, sans se noyer pour autant dans un méli-mélo de sous-intrigues qui pourrait entraver la bonne compréhension du récit.
Ensuite, l'ambiance globale est assez bonne, même si elle ne révolutionne rien, et qu'elle ne fait pas sensation non plus. Elle reste efficace malgré tout grâce à une simplicité des termes utilisés pour placer l'ambiance des scènes, et le vocabulaire nécessaire à la description de l'horreur. Cette qualité se marie bien avec celle développée précédemment, car elle rend le roman globalement très captivant à lire.
Passons maintenant aux points négatifs, qui selon moi sont assez importants pour baisser la note à six.
Il faut dire ce qu'il est, la qualité d'écriture n'est pas non plus au rendez-vous. Pour un métier (auteur) dont la richesse et la qualité littéraire doivent êtres au minimum présentent dans ses travaux, le résultat reste moyen. Mais il ne faut pas s'attendre à une prestation littéraire exemplaire et parfaite d'un auteur qui arrive à publier quasiment un roman par an, voir deux et trois pour certaines années entre 1975 et 2009 (même si certains y arrivent dans ce registre). De plus, et c'est là selon moi le gros point noir du roman, il y a une certaines redondance voir un remplissage désagréable de certains dialogues types, dont on connait par habitude l'aboutissement.
Je m'explique,
A chaque fois que Charlie exige de récupérer son fils auprès des Célestins. A chaque fois que Charlie affirme que les Célestins ont kidnappé son fils, ou qu'ils vont le dévorer cruellement, on a l'impression d'assister à un dialogue de sourd qui se répète au moins une dizaine de fois dans le livre. Comme si Charlie oubliait tout le temps que le principe qui fait que les Célestins sont quasiment intouchables est que les ''victimes" viennent d'eux-mêmes pour s'auto mutiler et s'auto dévorer, et que la loi interdit nullement une personne (dans le livre, j'ignore ce qu'y est de la réalité) à le faire.
Enfin, je ferais un dernier reproche à ce livre qui relève de la qualité d'écriture de ses personnages. Je trouve que la romance développée à partir de la moitié du livre, est absolument expédiée, inutile et infondée. Elle ne sert en rien le récit et rend pratiquement offense à l'utilité du personnage en question.
Rituel de chair de Graham Masterton reste dans l'ensemble un bon roman mais qui ne retourne pas complètement l'expérience littéraire du lecteur. Même si la fin est paradoxalement inattendue, il en ressort le sentiment d’un livre inabouti