Ma vie avec Clint
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
le 14 oct. 2016
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Le roi lion
Faut pas confondre les bestiaux
avec les petites bestioles
ça irrite le campagnol
quand on le prend pour un taureau
Faut pas confondre les zoziaux
avec les personnes avicoles
ça rend la perruche folle
quand on l’assimile au corbeau
Mais le li-on le Roi li-on
ne craint pas ces confusions
De sa rugissante crinière
il éparpille les éléphants
pour la grande joie des enfants
de la Metro-Goldwyn-Mayer.
Ce poème illumine mes journées depuis que ma dernière fille le déclame à tout bout de champ. Docteur d’état en mathématiques et en littérature, Jacques Roubaud a mené de front une carrière de professeur de mathématiques et une œuvre poétique. À l’invitation de Raymond Queneau, il a rejoint I**talo Calvino**, Georges Perec ou Marcel Duchamp dans l’Oulipo. L'Ouvroir de littérature potentielle regroupe des écrivains et mathématiciens se définissant comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ». Ils récusent toute écriture automatique ou jeux de hasard. Au contraire, ils se donnent des contraintes pour composer. Roubeaux est l’auteur du « baobab » (un jeux sur la tonalité) ou du « haïku oulipien généralisé » (hog : une règle de composition basée sur les nombres premiers).
La contradiction, le paradoxe ou la tension que l’on imagine entre liberté et contrainte n'est qu'une fausse apparence. La créativité exige des contraintes, qui seules nous permettent de dépasser automatismes et influences externes plus ou moins conscientes.
« Une autre bien fausse idée (…), c'est l'équivalence que l'on établit entre inspiration, exploration du subconscient et libération, entre hasard, automatisme et liberté. Or cette inspiration qui consiste à obéir aveuglément à toute impulsion est en réalité un esclavage. Le classique qui écrit sa tragédie en observant un certain nombre de règles qu'il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l'esclave d'autres règles qu'il ignore. » Raymond Queneau, Le Voyage en Grèce, p. 39.
Un dernier coup, pour la route !
Faut pas confondre les bestiaux
avec les petites bestioles
ça irrite le campagnol
quand on le prend pour un taureau
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le 2 oct. 2016
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