J'ai beau avoir aimé par beaucoup d'aspects, l'épaisseur et la touffeur du texte ont demandé une mastication lente et il faut le dire, un peu fastidieuse. La faute à l'absence de dialogue direct et aux réflexions intérieures de plusieurs des personnages principaux qui circonlocutionnent qui à n'en plus finir, ce qui donne à l'intrigue une avancée très lente. Un décor bien pensé cependant, rapporté par petites touches et sans en nier les difficultés d'établissement ; l'accord de la vie de la cité et de la vie terrestre avec le monde des esprits, le végétal au cœur des cités, l'unification politique d'un continent extrêmement hétérogène passée par les armes pour obtenir une paix intérieure, cette idée de TGV pour rallier des bouts aux autres, la question épineuse de que faire des ressortissants ou petits-ressortissants des vieux pays colonisateurs (cramés ? en tout cas partis en lambeaux) dont certaines cultivent un entre-soi peu compatible avec la nouvelle vie du continent... J'en passe certainement. Bref un brassage qui a l'ambition d'être tellement complet qu'il en devient voilà, massif et parfois abscons. Malgré tout, j'ai trouvé que ça valait la peine de s'y plonger car l'univers proposé n'est pas présenté comme fini mais en perpétuel évolution, en témoigne l'immiscion (amoureuse avant tout) de la vedette du récit, Boya, dans les hautes sphères du pouvoir. Avec ses recherches qui décalent son regard par rapport à ceux des politiques, peut-être figés vers la recherche de stabilité quitte à sacrifier un peu de leur humanité (ou celle du voisin un peu gênant).


Deux ups pour finir :
Low up au traitement des lesbiennes : dommage que les personnages concernés (et surtout une) soit en faveur du maintien du statut quo disant vivons heureuses, vivons cachées. Un peu dommage de balayer la question de la participation de toute la population à la vie de la cité (d'autant plus dans un roman aussi ambitieux que celui-là).


Big up au Cambrésis que je ne pensais vraiment pas trouver dans un tel roman et qui m'a bien amusée, si un jour je rencontre l'autrice je pourrai jouer la fulasi qui garde une fierté peut-être un peu distordue de ses terres d'origine.

JulieToral
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le 3 avr. 2021

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