Si Saison toxique pour les fœtus (quel horrible titre !) est devenu le roman de référence de la génération Y, en Russie, c'est évidemment parce que de nombreuses femmes, notamment, nées dans les années 80, ont reconnu leurs propres tourments et validé la description d'une société violente, vis-à-vis d'une liberté trop chère à acquérir et plus que jamais sous emprise masculine. D'autres livres russes ont évoqué le mal-être général du pays, après la fin de l'ère soviétique, et des films aussi, notamment ceux de Zviaguintsev, le plus brillant de tous, mais Vera Bogdanova suit sa propre voie (voix) dans un livre d'une tristesse abyssale qui a parfois des allures de constat clinique qui se refuse à toute empathie avec ses trois personnages principaux, tout du moins en surface. La famille russe et son fonctionnement traditionnel, l'homme placé au centre, y est portraiturée avec toute sa cruauté et son intolérance. L'alcool coule à flots et le racisme s'y assume sans ambiguïtés, d'autant plus dans une période où la peur s'installe, avec une cascade sans fin d'attentats terroristes. Saison toxique pour les fœtus est un livre d'un pessimisme noir, d'un réalisme traumatisant, malgré le style volontairement neutre de l'autrice. Elle aurait pu nous prendre aux tripes et céder à des effets mélodramatiques mais elle a choisi de s'engager dans un autre chemin, rejetant les émotions trop évidentes. Au bout du compte, c'est tout à son honneur et à son courage, même si la lecture de son livre reste une épreuve qui n'a pas vocation à plaire à tout le monde.

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le 22 sept. 2024

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