"Il faut penser petit"
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Ian McEwan nous raconte le samedi extraordinaire d'un neurochirurgien londonien dans une Angleterre post 11 septembre flippée. Comment ce médecin, représentant de la petite bourgeoisie, de l’élite d’une nation occidentale voit son weekend chamboulé par l’irruption de la violence dans son quotidien tranquille, sorte de parallèle avec les problèmes du monde de cette époque et toujours pas réglés.
Est-ce le but de l’auteur ou pas, j’y reviendrai, mais aussi bien l'intrigue que les réflexions de l'auteur refluent de sentiments réactionnaires et paternalistes parfaitement indigestes. Lorsque le propos me déplaît, j’y perçois un niveau d'abstraction ou de détachement entre ce qui est écrit et la personne qui le couche sur le papier. Bien souvent c’est ce qui fait la substance même du roman, cette perception peut servir l'histoire ou à clairement positionner les personnages dans leur environnement romanesque. Dans « Samedi » j'ai eu la sensation permanente de lire plus un essai qu’un roman et son propos me dérange.
En prenant comme repaire temporel les manifestations post 11 septembre contre l'engagement de l'Angleterre aux côtés des Américains pour la seconde guerre du golfe et ayant écrit à cette époque, McEwan reprend à son compte le fameux « choc des civilisations ». Ce n’est pas uniquement une sensation de lecture, quantité d'exemples s'égrainent dans le roman. Le roman est truffé de clichés sur les musulmans, sur les Italiens, les pauvres, les gens qui trainent dans les parcs, Saddam et les manifestants pacifistes etc. Le monde selon McEwan se divise entre bons et mauvais, gentils et méchants, victimes et bourreaux.
Les autres critiques lues ça et là saluent le ton qui met en exergue la confrontation entre un confort occidental riche et les bouleversements du monde, je comprends cette lecture, mais mon ressenti n'est pas celui-là. Sans pouvoir juger des idées de l'auteur sur cet unique roman, l’atmosphère nauséabonde m’a fait l'effet d'être son point de vue et pas un exercice de style.
Certes le livre est très bien écrit, il se dégage une vraie atmosphère du roman qui évolue de gentiment factuel vers plus angoissant. Le déroulement chronologique classique du roman est altéré par les scènes entrecoupées des réflexions du personnage principal, ce qui donne une construction plus intéressante qu’attendue. La documentation de l'auteur est sans faille sur les aspects médicaux de la neurochirurgie malgré que l’on se demande à quoi cela sert. De même, les atermoiements du médecin sur sa carrière, la destinée de ses enfants ou son beau père sont assez caricaturaux.
Un roman qui me laisse confus, comme ma critique, peut-être était-ce le but, en tout cas pas un moment agréable de lecture. 6/10
Créée
le 3 avr. 2015
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