Girly, ennuyeux et incohérent
Des vampires ? Cool. Des Loup-garous aussi ? Très bien. Du Steam Punk victorien ? Super. Donc le mélange ça doit être cool, right ?
On m'a donc recommandé Soulless et je l'ai lu. Mal m'en a pris.
Alors tout d'abord soyons clair : la cible de ce roman est clairement féminine, et de préférence plutôt (très) jeunes. Ce n'est pas mon cas, je suis un mec avec quelques années au compteur. Donc, les scènes "émoustillantes" d'initiation sexuelle d'une jeune vieille-fille femme relativement émancipée pour son époque, mais néanmoins pucelle, désolé mais ça m'excite assez peu. Ce serait un détail si cela ne remplissait pas de nombreuses pages. Passons.
Ce qui me plait chez les vampires c'est leur côté sombre, parfois noble, souvent majestueux. Rien n'est ici présent. Il faut dire que, à l'instar d'un Twilight, les codes du genre, les pouvoirs et les faiblesses des créatures surnaturelles, semblent faire fi de tout ce qui a été écrit depuis Anne Rice. Je ne veux pas dire par là qu'il faut copier Lestat une enième fois, mais simplement que la méconnaissance évidente d'un genre ne permet pas de construire quelque chose d'au moins aussi intéressant que ce qui a déjà été fait. De nos jours, même dans le fantastique, on a besoin d'un peu de "rationalisation", quelque chose qui donne cohérence à un univers. Cet élément est ici totalement absent.
Ce qui me plait, depuis les Mystères de l'Ouest (le vrai, la série) dans le steampunk, c'est l'aventure, le décalage, le rêve que cela apporte. Tout ceci est présent dans ce roman, mais sans parvenir à captiver mon intérêt.
Les personnages sont assez vite ennuyeux. Les conventions victoriennes apparaissent sous leur vrai jour : arriérées, et donc cela m'ennuie aussi. Pour le coup je pense que le roman est assez exact là-dessus, mais c'est la façon dont elles sont soulignées qui rajoute à la lourdeur de cette histoire pourtant très légère.
Ce roman a le même défaut qu'American Psycho sans en avoir les qualités : l'énumération in extenso de la mode vestimentaire, qui alourdit encore le style littéraire. Tiens, parlons-en du style : je trouve insupportable cette façon de décrire à quel point un personnage est surpris d'une situation, ou de expliquer ce qu'il ou elle vient de comprendre alors que c'était clair pour nous depuis dix lignes. Une fois peut-être, mais c'est tout du long.
Ok, mais tout ceci tient plus à mes goûts qu'à un réel manque de talent de l'écrivain(e), n'est-ce pas ?
Alors passons à la partie critique spoilante, à ne pas lire si vous ne voulez pas en savoir plus.
SPOILERS
Les incohérences ou les explications insatisfaisantes abondent dans ce roman.
L'automate qui est au cœur de l'histoire a un mot gravé sur le front, qui est son mot de commande. Soit. Sauf que ce mot est apparemment gravé... dans la cire ! Et que pour arrêter cette créature redoutable, voire instoppable, il suffit en fait... d'effacer son mot ! Ah bravo les concepteurs, non seulement ils font une créature avec un tel point faible, mais en plus ils lui mettent bien visible sur le front !! Pas sur le torse, non. Ni même caché sous un chapeau, ou protégé derrière une bonne plaque de fer. Pour quelle raison mystique cette créature a priori 100% scientifique a-t-elle une telle faiblesse, aller savoir ! A part qu'elle était tellement forte qu'il fallait bien trouver un moyen de la déssouder à la fin...
Les vampires sensibles au chloroforme. WHAT ?? Donc ils respirent normalement ? Bon, ça prouve juste qu'on n'est pas dans une itération classique du mythe, voire qu'il n'y a pas de réelle réflexion sur le sujet. Moi ça me gène carrément, mais à chacun de voir. Et les garous aussi, ça c'est plus cohérent.
Ça parait même être du super chloroforme, vues les distances et la vitesse d'efficacité ! Par contre, du coup, si c'est l'arme absolue, à la fin, quand les scientifiques poursuivent Miss Tarrabotti et son Alpha de futur époux, pourquoi ne se munissent-ils pas de cette arme ? Il suffirait d'inonder la pièce de cet éther et tout serait réglé. D'autant plus que ça n'empêcherait aucunement l'automate d'agir. Alors, panique de prima donna des méchants comploteurs scientifiques ? Ou trou énorme dans le scénario ?
Bref. Au début enchanté par la découverte d'un univers différent de ce que j'avais lu jusque-là, je suis allé d'ennui en déceptions, et avoue avoir hésité à refermer le livre sans le finir. Mais je suis allé jusqu'au bout de l'endormissante conclusion et ai pu ensuite passer à de la vraie littérature fantastique.
Si vous êtes une jeune fille de 15-16 ans, ce livre vous ravira. Sinon faites ce que j'aurai dû faire : passez votre chemin...