De tous temps, L'anthropomorphisme a été une façon efficace pour les écrivains de traduire les sentiments et les comportements humains, à travers des fables à la morale transparente. Arturo Pérez-Reverte, eu égard à son abondante œuvre antérieure, n'était pas de ceux dont on pouvait imaginer qu'ils se livreraient à cet exercice, somme toute casse-gueule et pouvant vite tourner au ridicule. Le titre en V.O de Sans loi ni maître, Los perros duros no bailan, outre son clin d’œil à Norman Mailer, établit d'emblée l'idée que l'humour ne manquera pas dans ce nouvel opus du romancier espagnol mais que la violence y aura aussi sa place. Et c'est exactement cela avec Negro, le narrateur/chien du livre, ancien combattant qui n'a plus l'agilité de ses quatre pattes de sa jeunesse mais qui est encore capable de lutter pour la bonne cause et la dignité canine, un peu comme un certain Alatriste, sorte d'alter ego sur deux jambes. Si le thème de la maltraitance animale est évidemment sous-jacente dans Sans loi ni maître, l'auteur se concentre sur son intrigue, bien construite, qui rappelle certains grands films noirs américains des années 40/50, avec le retour de boxeurs has been, par exemple. Dans cette vie de chien, le machisme domine et il y a tout de même de quoi s'interroger sur la misogynie (avérée ou feinte ?) de Pérez-Réverte, déjà remarquée dans la trilogie de Falco et ici guère dissimulée dans les portraits de femelles dont la lascivité semble être le principal trait de caractère. Hormis cet aspect embarrassant, Sans loi ni maître, très maîtrisé, et bourré de saillies drôlatiques, s'insère parfaitement dans la bibliographie d'un écrivain raconteur hors pair d'histoires, qui s'amuse avec son lecteur, sans peur de paraître par trop créateur de rocambolesque.

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le 13 mai 2022

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