Sans parler du chien par Nanash
Quel étrange titre que celui de ce livre de science-fiction, "To say nothing of the dog", ce n'est qu'en me renseignant à posteriori que j'ai compris quelle en est la référence.
Cette histoire, qui ne parle donc pas du chien, nous conte une bien conventionnelle intrigue de voyage dans le temps. Ned sorte d'historien temporel est chargé de récupérer la "potiche de l’évêque", un vase affreux sensé se trouver dans la cathédrale de Coventry avant son bombardement lors du blitz. Cette potiche est le dernier point de détail permettant à Lady Shrapnell (quel joli nom) de parachever son oeuvre, la reconstruction à l'identique du bâtiment religieux en 2057.
La théorie veut que lorsque l'on aborde le voyage temporel, on dévie rapidement sur les modifications qui peuvent influencer l'avenir et Ned en fait les frais.
Le roman est par moment bien énigmatique mais dans un but clair, être "loufoque", c'est l'objectif avoué du livre qui prend pour modèle "Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien)" paru en 1889, que j'ai lu juste après pour voir les similitudes. Le côté déjanté est bien servi par Ned et son déphasage temporel qui se traduit par des troubles de l'audition et autres joyeusetés ce qui fait que le roman est perclus de quiproquo très drôles et qui aboutissent à des situations rocambolesques. La scène de spiritisme est très réussie, je me suis marré à chaque ligne. Tous les personnages sont haut en couleurs et reflètent bien les us des bourgeois Anglais du XIXème siècle.
Toujours est-il que le roman n'a pas que des qualités, afin de retomber sur ses pieds d'un point de vue cohérence temporelle, Connie Willis bourre la fin de ficelles assez grossières jusqu'au happy end. Je ne pense pas que cela était nécessaire. Egalement, alors que le roman de Jérome K. Jérome prend place quasi uniquement sur un canot empruntant la tamise, la campagne anglaise ne sert ici que de décor assez impersonnel.
Tout en gardant le classicisme et le comique de son illustre aïeul, Connie Willis introduit une bonne dose de SF, l'exercice compliqué est très réussi bien que trop capillotracté sur la fin. 7/10