Une déception
Féru de lectures historiques, je me suis plongé dans Sapiens avec appétit. Après 80 premières pages de bonne tenue, le récit d'Harari suit une pente déclinante jusqu'à atteindre un point bas lors du...
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le 1 déc. 2017
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La grande force de cet ouvrage est de parvenir à s'établir comme une odyssée, un voyage à travers les humanités, qui tente de suivre un fil rouge pour répondre à une question majeure : En quoi comprendre notre passé peut-il nous permettre d'appréhender notre futur ?
Le postulat de départ est un état des lieux : l'être humain s'est fait maître du monde, "maître et possesseur de la Nature". Il peut faire ce qu'il veut, si seulement il savait ce qu'il voulait. L'homme s'est établi en une espèce qui a tous les pouvoirs, y compris celui de détruire son environnement, et créer ses propres sources de destruction.
A travers l'analyse des humanités, des sociétés, des empires, des guerres et paix, des religions, de la science et des mythes communs qui nous rassemblent, on tente de comprendre comment l'homme peut se prévenir de ses propres dangers. C'est la transcription à l'échelle planétaire et inter-temporelle de la formule inscrite sur le temple de Delphes, "Connais-toi toi-même et tu connaîtras les hommes et les Dieux".
Qu'est-ce que ça peut valoir de se connaître soi-même en tant qu'espèce? Serait-ce suffisant pour se prémunir de ses propres dangers?
Qui est le plus à même de nous protéger ? Que va-t-il advenir pour nous avec la science, l'intelligence artificielle, la bio-génétique, l'exploration de l'espace? Que deviendra notre écosystème? Oserions-nous toucher à notre propre génétique?
Je n'ai pas connaissance de l'exactitude scientifique ou de la pertinence anthropologique et sociologique de ce travail. Pourtant, l'ouvrage de Harari est une lecture incontournable tant il permet de se plonger pleinement dans la "Grande Histoire de l'Humanité".
"Au XXIe siècle, certains hommes, au moins, seront tentés d'utiliser l'IA, la bio-ingénierie et d'autres technologies révolutionnaires pour essayer de créer leurs fantasmes ici, sur Terre."
"Quand nous apprenons comment ont été créées les histoires que nous croyons, nous comprenons comment les changer. Les humains sont des animaux fabulateurs, et les sociétés humaines ne sauraient fonctionner sans ces histoires. (...) Si une histoire cause plus de tort que de bien, nous pouvons toujours en changer."
Sur le faire-société:
Au-delà de 150 individus, les hommes ne peuvent plus se connaître tous. Comment faire société? "Le secret réside probablement dans l'apparition de la fiction.". A travers les mythes communs, les centaines puis milliers puis millions d'humains parviennent à faire société.
Nous voilà humains: "Entre nous et les chimpanzés, la vraie différence réside dans la colle mythique qui lie de grands nombres d'individus, de familles et de groupes. Cette colle a fait de nous les maîtres de la création."
Sur la coopération:
"Les quelques millénaires qui séparent la Révolution agricole de l'apparition des villes, des royaumes et des empires n'ont pas laissé assez de temps pour qu'un instinct de coopération s'épanouisse."
Sur les "ordres imaginés" (Pièce maîtresse de l'ouvrage):
"Les ordres imaginés ne sont ni des conspirations exécrables ni de vains mirages. Ils sont plutôt la seule façon pour les hommes de coopérer effectivement."
Sur le romantisme: "Le romantisme nous dit que, pour tirer le meilleur parti de notre potentiel humain, il nous faut multiplier autant que possible les expériences.". Le romantisme, qui encourage la variété, s'accorde parfaitement avec le consumérisme. Leur mariage a donné naissance à un "marché des expériences" infini sur lequel se fonde l'industrie moderne du tourisme.
"Comme l'élite égyptienne, la plupart des gens, dans la plupart des cultures, passent leur vie à construire des pyramides. D'une culture à l'autre, seuls changent les noms, les formes et les tailles de ces pyramides. Peu contestent ces mythes qui nous font désirer une pyramide."
"Malheureusement, les sociétés humaines complexes paraissent nécessiter des hiérarchies imaginaires et une discrimination injuste."
Liberté, Egalité, Fraternité:
"Depuis la Révolution française, les habitants du monde entier en sont venus à voir dans l'égalité et la liberté individuelle des valeurs fondamentales. Mais les deux valeurs se contredisent. (...) Toute l'histoire politique du monde depuis 1789 peut se lire comme un effort pour résoudre cette contradiction."
Sur la monnaie:
"La monnaie est le système de confiance mutuelle le plus universel et le plus efficace qui ait jamais été imaginé."
Sur les religions:
"Le chrétien moyen croit au Dieu monothéiste, mais aussi au Diable dualiste, aux saints polythéistes et aux spectres animistes. Le syncrétisme pourrait être la seule grande religion universelle."
Sur le bouddhisme:
"Qui a éteint son désir ne saurait souffrir." - Bouddha: Qu'est-ce que la vie sans désir? Reste-on seulement humain?
Sur la perception du futur:
"Il est particulièrement important de souligner que les possibilités qui paraissent très improbables aux contemporains se réalisent souvent. Quand Constantin monta sur le trône en 306, le christianisme était à peine plus qu'une secte orientale ésotérique. Auriez-vous suggéré alors qu'il était sur le point de devenir la religion de l'Etat romain, on vous aurait ri au nez."
"L'histoire avance d'un embranchement à l'autre, choisissant pour quelque mystérieuse raison de suivre d'abord une voie, puis une autre."
Sur la science - Le Mariage de la Science et de l'Empire:
"La science est bien incapable de fixer ses priorités, elle est aussi incapable de décider que faire de ses découvertes."
"La boucle de rétroaction entre la science, l'empire et le capital a été le principal moteur de l'histoire au cours des cinq cents dernières années."
"Le capitalisme distingue le 'capital' de la simple 'richesse'. Le capital, c'est l'argent, les biens et les ressources investis dans la production. La richesse, à l'opposé, est enfouie dans le sol ou dilapidée en activités improductives."
Et Ils Vécurent Heureux:
"La vision d'Huxley est bien plus troublante que celle du 1984 de George Orwell. Le monde d'Huxley paraît monstrueux, mais il est difficile d'expliquer pourquoi. Tout le monde est heureux tout le temps! Qu'est-ce qui ne va pas?"
Créée
le 8 oct. 2024
Modifiée
le 9 oct. 2024
Critique lue 2 fois
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