"La Griffe du chien" trônant fièrement dans mon panthéon personnel de polars haletant, j'ai été attiré naturellement par "Savages". Don Winslow ? Trafic de drogue ? De la torture et des flingues ? J'EN VEUX !
Parce qu'il maîtrise le sujet, Winslow nous entraîne dans le sud de la Californie suivre le parcours de trois branleurs, trio amoureux qui trempe dans la production de cannabis pour surfeur et bobos friqués. Mais cette vile peuplade que constitue les Mexicains et plus particulièrement le Cartel de Baja veut étendre son influence vers le nord, et donc batailler avec nos trois petits jeunes. Sauf que ces sympathiques voisins n'ont pas envie de perdre leur temps en palabres. On coupe des têtes on discute après.
L'auteur nous gratifie d'une prose coup de poing (ou d'une prose balistique comme le dit Muet-dhiver http://www.senscritique.com/livre/savages/8851302155329466/critique/muet_dhiver/). Les phrases sont la plupart du temps à peine construites de sorte qu'on en comprenne le sens et que le propos prenne du corps sans s'étendre en longs discours. Ce qui aurait pu tourner à la caricature fonctionne et l'exercice de style est réussi.
Malheureusement le contenu du livre ne suit pas, c'est creux au milieu et assez vide sur les bords. Parce qu'on évitera pas la comparaison avec "La Griffe du chien", "Savages" c'est un épisode des feux de l'amour par rapport à la trilogie du parrain. Tout est trop simple et facile pour le trio pour qui on ne tremble quasiment jamais. A peine rehaussé par la critique du sort réservé aux migrants Mexicains aux US (qui tondent les pelouses ou deal de la cocaïne et parfois les deux, c'est bien connu), on ne peut qu'être déçu quand on sait ce dont Don Winslow est capable.
Note plombée par un contenu pauvre, la moyenne grâce un style percutant: 6/10.