Je suis assez déçu de ce court texte que je trimballe depuis plusieurs années avec moi sans avoir eu l'occasion de le lire jusqu'à présent.
En fait je suis déçu, car si la pensée de Cicéron diffère un peu d'autres stoïciens plus tardifs que j'ai pu lire, je m'y reconnais surtout beaucoup moins et tout ce qu'il peut dire, je l'ai lu ailleurs... parfois chez Sénèque... mais parfois aussi chez Platon... Et je déteste un peu Platon.
Après, ça reste bien plus tolérable qu'on Platon, même si la négation du plaisir j'ai un peu de mal, tout comme j'ai du mal avec l'immortalité de l'âme.
Le texte reprend les inconvénients présupposés de la vieillesse pour les démonter et montrer que ce n'est pas "pire" que les autres âges. Et si, en général je suis d'accord avec ce qu'il dit, il craque totalement lorsqu'il fait le blâme du plaisir. Certes, j'accorde une grande importance au plaisir intellectuel, mais de là rejeter tout plaisir charnel en disant que ça peut conduire à sa perte et que ça empêche de réfléchir, je dirais qu'en général on ne passe pas son temps à copuler non plus... et que par conséquent ça laisse plein de temps pour réfléchir... pour penser...
Il fait l'éloge de la modération, ce qui me pose déjà moins de problèmes, même si le rejet de la volupté ne me convainc guère.
Après je dois dire que la partie qui m'intéressait le plus, c'était la dernière, celle sur la mort, je l'attendais. Car pour moi, c'est celle là qui est le défaut le plus important de la vieillesse, l'approche inéluctable de la mort, sentir sur son visage que le temps est compté, alors qu'on peut encore inconsciemment se dire lorsqu'on a des traits juvéniles que ce n'est pas pour tout de suite. Alors Cicéron rappelle justement qu'un adolescent peut également mourir et que l'on doit tous mourir et qu'il ne faut pas en avoir peur. Le problème c'est les arguments qu'il avance. Il dit que les grands hommes font de grandes choses pour que leur mémoire puisse survivre, je n'ai pas lu grand chose de Camus, mais bon, nul doute qu'il trouverait ça on ne peut plus absurde.
Et puis ne pas craindre la mort si l'on croit en la vie éternelle, ça me semble logique, mais si comme moi on sait qu'il n'y a rien... ça devient plus compliqué. Alors certes, on enlève toute souffrance, on ne se rend pas compte, nos ennuis sont terminés. Mais quand même, on enlève tout, joie également. Mais je suppose que pour des gens qui suivent les préceptes de Platon sur le fait d'éviter le plaisir, ça ne pose guère de problèmes.
Après tout ce qui concerne le fait que comme un acteur dans une pièce on peut ne pas jouer toute la pièce, mais la jouer bien (comprendre ici mener une vie vertueuse), je trouve ça déjà plus convainquant. Et ceci même si la vertu n'est pas forcément ce que je recherche.
Je retiendrai malgré tout de ce texte un ou deux avantages de la vieillesse, notamment le fait que l'on a toutes les connaissances passées qui se sont accumulées et qu'aimant savoir des choses, accumuler des connaissances, cet aspect de la vieillesse peut me plaire. Mais sans hâte, vivons la vie dans l'ordre.
(et puis Cicéron fait l'éloge du jardin, je ne peux que le rejoindre)