Les Scènes de la vie d'un propre à rien de Joseph von Eichendorff fait partie de ces livres à lire d'une âme fraîche et joyeuse.
Eichendorff a écrit quantité de lieder pour Mendelssohn, Brahms, Schumann. C'est dire s'il était romantique. Alors voilà: Son jeune héros quitte un jour le moulin de son père et part à l'aventure, comme un bouchon porté par le ruisseau. Pour tout bagage il a son violon, dont il joue à tout bout de champ, de clairière ou de sentier. Il tombe amoureux d'une jeune dame, peut-être comtesse. De dépit il quitte -encore- le château où elle se trouve et part -toujours- pour le pays de ses rêves: "L'Italie où poussent les oranges"...
Ce jeune homme très attachant a quelque chose du Candide de Voltaire, mais que Fragonard aurait repeint. Dans l'azur limpide volent les alouettes, les soirs dorés tombent sur le Danube, les fleurs poussent prés de fontaines roucoulantes. Les aventures deviennent folles, oniriques, peuplées d'étudiants en cape et de silhouettes blanches apparaissant et disparaissant au son des guitares. Les personnages, romantiquement vagabonds, tentent de décrypter "le grand livre d'images que le Bon Dieu a ouvert pour nous".
Quant à notre candide jouvenceau, il rebondit d'émotions en émotions entre Tibre et Danube. Joseph von Eichendorff l'accompagne avec une tendre ironie, et son récit nous enveloppe comme une symphonie pastorale.
A la fin, le jeune homme retrouve sa belle et nous dit: "Et tout était bien, si bien..."
Propre à rien ? Ca m'étonnerait !