Un auteur prometteur !
Le début d’un roman offre toujours une première impression de celui-ci. Dès les premières pages de Seconde Humanité, je dois avouer que j’ai été subjuguée par la toute première scène. Je ne la...
le 20 juil. 2020
Le début d’un roman offre toujours une première impression de celui-ci. Dès les premières pages de Seconde Humanité, je dois avouer que j’ai été subjuguée par la toute première scène. Je ne la décrirai pas afin de ne pas spoiler, mais elle est vraiment très bien rédigée et emplie d’émotions alors qu’on ne connaît même pas encore tous les personnages de l’histoire. On y rencontre César, un scientifique, qui doit gérer les conséquences d’un virus échappé de son laboratoire. Je ne vais pas vous cacher que lire cette histoire en pleine période de confinement fut une sacrée expérience. Si j’avais été plus attentive au résumé, peut-être l’aurais-je gardé pour plus tard. Pourtant, malgré la situation anxiogène, j’ai vraiment réussi à me plonger dans cette lecture auprès de personnalités fortes, munie d’un scénario bien ficelé. Le tout ancré dans un concept original : l’idée d’un livre dans un livre. Eh oui, parce que notre cher César doit trouver une solution pour guérir ce virus. Durant ses recherches, il tombe sur un manuscrit un peu spécial qu’il décide de parcourir… Et nous, lecteurs et lectrices, sommes embarqués avec lui dans une toute autre histoire mouvementée.
Sans trop en dévoiler, je dirais que le scénario coupé en deux parts distinctes forme un tout cohérent. Dès le commencement du second récit, on sent qu’il existe un lien entre la situation actuelle vécue par César et les péripéties des personnages de Par-delà les montagnes, et bien plus loin encore (le titre du roman dans le roman). Si je dois soulever un point négatif (le seul !) qui ne tient qu’à moi : les transitions. Même si l’auteur a très bien structuré ses deux parties et qu’il a coupé où il fallait, j’ai éprouvé des difficultés à passer d’une histoire à une autre. Lorsque j’ai quitté César pour découvrir Matis le Sélénite, j’avoue avoir eu du mal à me plonger dedans. Ce nouveau personnage ne me disait rien, et le changement de police d’écriture a chamboulé ma lecture. Ayant une très mauvaise vue, je la trouvais même plutôt inconfortable. Ceci dit, je le redis : ça ne concerne que moi. D’un point de vue objectif, les transitions sont bien gérées et la typographie ne m’a pas empêché de passer un excellent moment au final. D’ailleurs, quand je suis arrivée à la fin de Par-delà les montagnes, et bien plus loin encore, j’ai ressenti un vide après avoir versé ma petite larme et j’ai eu du mal à revenir à la première histoire. Le roman que lit César m’a touchée. Peut-être pas autant qu’à lui, mais il ne laisse pas indifférent, c’est évident. On peut même dire que l’auteur, impitoyable, sait comment s’y prendre pour triturer nos sentiments et jouer avec nos nerfs. Toutefois, il ne manque pas de messages et de valeurs à véhiculer, notamment par le personnage de Pino. Selon moi, ce récit souligne les défauts de l’humanité, les erreurs qu’elle peut commettre et ce qui la mène à sa première chute dans l’histoire de ce roman. Il évoque la guerre, la résilience, la reconstruction. Un monde sans pitié où existe une dernière once d’espoir, représentée sous la forme d’un Arbre particulier.
Si le scénario est plaisant à découvrir, j’ai surtout été charmée par la plume de l’auteur. Le texte recèle de beaucoup de descriptions poussées et de formulations raffinées, ce qui ne fait que renforcer la qualité littéraire du récit. Des figures de style maîtrisées parsèment cet ouvrage excellent. Même si je n’ai pas lu une tonne de classiques, il m’est arrivé de me plonger dedans – ces œuvres d’un autre temps – et de visionner des films cultes (comme Metropolis). Outre la modernité présente dans ce récit qui fait échos à l’actualité, je le trouve presque similaire à ces lectures ancrées dans le passé. L’écriture soutenue épouse parfaitement l’intrigue dont elle conte l’histoire avec une fluidité et une technique non négligeables. J’ai trouvé la plume de l’auteur très poétique, voire onirique. Certains passages nous plongent dans une autre dimension, plus proche de l’irréel, de l’inexplicable. De plus, certaines descriptions et pensées relèvent plutôt de l’imaginaire et du rêve que de la réalité. Il s’agit du point fort de cette histoire de virus à première vue anodine : l’auteur sait conter en surprenant, torturant, émouvant. C’est un livre qui ne touche pas que l’esprit. Il touche le cœur aussi.
Il m’a été difficile de m’attacher aux personnages au début. Comme dit plus haut, nous débutons l’histoire sur César Séfria et, même si son sort n’est pas des plus joyeux, ce n’est pas le personnage qui m’a le plus ému. Il m’a fait ressentir quelques émotions, une petite montée de tristesse à un moment particulier sans toutefois parvenir à me bouleverser autant que l’ont fait Pino, Matis, Sarah et Lazaro. Je ne vais pas trop m’étaler sur eux parce qu’ils sont au cœur de l’intrigue de la partie noire du roman. Cependant, je voudrais souligner que, même si j’ai eu du mal à apprécier Matis et Lazaro, le courant est tout de suite passé avec Sarah. Plus difficilement avec Pino au début. En terminant de lire leurs aventures, j’ai versé ma petite larme et pris conscience que j’avais aimé les suivre, connaître leurs pensées, leurs espoirs et leurs peurs. Ils m’ont tous les quatre affectée à leur façon (même Pino !), et c’est le cœur lourd que j’ai refermé Par-delà les montagnes, et bien plus loin encore pour revenir à la narration de César Séfria afin de connaître le dénouement de cette situation catastrophique. En ce qui concerne Pino, Matis, Sara et Lazao, leur bravoure et leur dévotion sont admirables. J’ai adoré les relations qui se sont créées entre certains d’entre eux, l’évolution de ces quatre individu que rien n’était destiné à rassembler et qui, pourtant, représentent l’espoir de la Seconde Humanité.
La fin du roman clôture bien l’histoire générale. D’ailleurs, on peut même parler de deux conclusions différentes : celle de Par-delà les montagnes, et bien plus loin encore et celle du roman tout court. La première m’a plus touché que la seconde, comme vous avez pu le remarquer. Ceci dit, l’auteur a très bien terminé Seconde Humanité en restant cohérent et logique avec ses idées, sans pour autant fermer entièrement les portes de son univers. Je ne parle pas ici de cliffhanger. Le roman n’en contient pas, étant un one-shot. Toutefois, on sent qu’Adrien Mangold n’a pas fini de nous conter des histoires du même style. Et, pour ma part, Seconde Humanité m’a donné envie de lire ses prochaines publications !
Grosso modo, Seconde Humanité plaira sans aucun doute aux amateurs et amatrices de science-fiction ! Si vous appréciez les personnages forts et emblématiques, peut-être la mise en abîme de cet ouvrage original vous chamboulera autant qu’elle l’a faite avec moi. La plume de l’auteur, soutenue, reste très accessible. Un ouvrage qui pousse la réflexion beaucoup plus loin sur notre monde et l’humanité toute entière. Je vous recommande cette lecture et cet auteur au grand potentiel dont j’ai hâte de découvrir les prochaines sorties !
Créée
le 20 juil. 2020
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