Nous avions quitté Floryan dans l’intermonde alors qu’il tentait dans un geste désespéré de retourner sur terre pour y retrouver Rain.
Et c’est précisément elle qui sera, dans ce deuxième tome, le fil conducteur de cette nouvelle aventure. Les lecteurs masculins auront peut-être un peu de mal à s’identifier à cette jeune fille, mais son caractère bien trempé et son dynamisme - qui manquaient par ailleurs à Floryan - leur permettront de dépasser bien vite ce léger préjugé.
Néanmoins, malgré la bonne volonté de l’héroïne, et celle de l’auteur, la vie sur terre est bien moins palpitante et les aventures plus convenues que dans l’intermonde. Surtout si on précise qu’il règne ici un chaos post-apocalyptique, où il n’y a plus rien à sauver, suite à un conflit entre les Russes et le reste du monde (où sont les Chinois ? )
On pourrait alors croire que les péripéties vont se suivre et se ressembler, ou manquer du plus élémentaire piquant mais ce serait faire injure au talent de narrateur de Fabrice Colin. Il sait jouer, à l’instar des grands, de ce subtil mélange entre le réel et l'irréel qui permet au lecteur de rester avec lui comme la perche aide le funambule à rester sur le fil. L’histoire, comme dans le premier tome, reste addictive et l’on se surprend souvent à en poursuivre la lecture plus longtemps qu’envisagé. Mais il faut admettre qu’il y manque un petit-je-ne-sais-quoi qui nous fera préférer le premier tome.
Reste à l’arrivée un roman plaisant, bien écrit, bien raconté mais avec le défaut récurrent de l’auteur : des personnages secondaires mal équarris qu’on a du mal à cerner. Et, malheureusement, une fin trop rapide, voire bâclée, après une quête aussi longue.
On se consolera en croyant que, peut-être, l’auteur nous a servi là une allégorie sur le temps qui passe et la faculté qu’a l’homme de recommencer les choses en les améliorant, alors même que tout semblait perdu. Et c’est alors qu’on en comprend le titre.