Sean Doolittle est un auteur que je ne connaissais pas avant de débuter la lecture de Sécurité renforcée. En lisant la quatrième de couverture, j’apprends qu’il a été remarqué entre autres par Dennis Lehane, Michael Connelly ou Harlan Coben. Je suis lecteur fidèle de chacun d’entre eux. Leurs recommandations m’ont fait aborder ce roman avec envie et curiosité.
Paul s’est installé dans la petite ville de Clark Falls avec son épouse Sara. Le couple s’est intégré à la vie de quartier. Leur nouvelle vie est fortement chamboulée quand Paul est accusé d’abus sexuel sur mineur. La victime est la fille de ses voisins. Alors qu’il ne s’explique pas cette situation, Paul est rapidement cloué au pilori socialement avant même d’avoir pu commencer à se défendre. Quelles sont les causes de ce cauchemar et comment en sortir ? Tels sont les enjeux de l’histoire que propose cet ouvrage.
L’intrigue se construit autour de Paul. Les événements sont vécus dans ses pas et à travers son regard. Ce choix narratif facilite l’immersion du lecteur et intensifie le suspense. En effet, j’ai eu le sentiment, comme héros, d’être emporté par une tornade dont je ne connais pas l’origine et dont j’ai du mal à anticiper l’ampleur définitive des dégâts. Au gré de l’avancée des événements, l’auteur propose des retours dans le passé du héros. Cela nous permet de mieux nous approprier la personnalité du protagoniste principal. Il n’est pas parfait et possède des failles et des défauts. Cela le rend humain et crédibilise son parcours.
Si je devais rapprocher la trame du style d’un des auteurs cités en introduction, je pense que je choisirais Harlan Coben. En effet, la narration est rythmée. Les événements s’enchainent à un rythme soutenu et la conclusion de chaque chapitre incite à se plonger immédiatement dans le suivant. Les rebondissements sont fréquents et il ne faut jamais prendre pour argent comptant toute conclusion rapide. Bref, la méthode est classique et efficace. L’inconvénient de ce genre est de parfois réduire la lecture à une marche forcée vers le dénouement au détriment de la profondeur des personnages ou du développement de l’ambiance dans lequel s’inscrit l’histoire.
Paul et Sara viennent de s’installer dans un quartier résidentiel de banlieue américaine comme la littérature, les séries et le cinéma nous en a tellement présenté. Je trouve que ce lieu avec sa dimension communautaire, fermée et parfois oppressante possède un potentiel narratif certain. Le manque d’intimité réelle, le besoin permanent de maintenir les apparences pour cacher ses faiblesses ou ses cadavres dans les placards… Tous ces ingrédients pouvaient pimenter le fil conducteur de l’histoire. Hélas, de mon point de vue, la sauce ne prend jamais vraiment sur ce plan-là. L’auteur nous présente une galerie de personnages logeant à proximité de Paul et Sara. Au final, beaucoup resteront anecdotiques ou seront traité de manière trop superficielle pour réellement enrichir l’ensemble.
Pour conclure, mon sentiment à l’égard de Sécurité renforcée est mitigé. L’ouvrage se lit aisément. Je me suis laissé porté par l’enquête et étais vraiment curieux d’en connaitre l’issue. Néanmoins, je n’ai pas été suffisamment marqué par ma lecture pour en garder un grand souvenir. Je pense que ce bouquin se prête aisément à une lecture de vacances pour les adeptes du genre. Par contre, je ne suis pas sûr de partir en quête d’autres romans de cet écrivain…