Attention, coup de coeur !
Ils se sont réveillés après cent-cinquante huit ans d’hibernation dans un vaisseau spatial minuscule, et tout de suite les problèmes étaient là. Ils avaient quitté la Terre parce qu’ils le pouvaient, et le voulaient, puisqu’on avait gravement détérioré notre planète la jeunesse dorée allait tenter de créer une nouvelle société ailleurs. Avaries, accidents, difficultés d’adaptation, ils connaissent tout un tas de tout ça mais ils vivent. Les années passent, les générations se succèdent et on nous raconte tout… C’est un premier roman ?! Je trouve ça incroyable, tant il est maîtrisé. Il commence comme une SF très classique avec l’installation sur une nouvelle planète – et pour cause, il s’agissait d’une nouvelle à la base. Devenue idée de roman, elle s’étoffe lentement et, pour ma part en tous les cas, m’a progressivement subjuguée. Plus je lisais et plus je trippais, chaque personnage sur lequel on se penche nous entraîne dans un genre différent : enquête, aventure, communication, guerre, avec un côté vertigineux non exempt d’humour. Ainsi, le bambou qui est l’espèce intelligente de cette planète se dit à un moment donc ok, ces animaux (nous ! On est de la faune à ses yeux) sont dotés d’une intelligence certaine, je me demande quelle est la plante qui les a dressés ? On peut évidemment chipoter et pointer quelques interrogations légitimes, par exemple ils sont très peu nombreux au départ (une cinquantaine), et la fertilité masculine est problématique, quid de la consanguinité et tout ça, pourquoi est-ce que le bambou nous séduit à ce point en tant que lecteur, d’où viennent les Verriers, j’en passe, mais en fait tout coule malgré tout. On ne sait jamais vers quoi on se dirige et les surprises restent nombreuses jusqu’au bout. Intelligent, fin, étonnant et très plaisant à lire, Semiosis m’a captivée.