Une très agréable surprise. Seul le silence est présenté comme un thriller mais tient, je pense, beaucoup plus du roman noir. Et un très bon roman noir. On pourrait aussi dire qu'il s'agit du roman d'une vie, de la vie de Joseph, le narrateur.
L'enfance de Joseph est fortement marquée par la Mort (qu'il personnifie d'ailleurs avec cette majuscule). La Mort de son père tout d'abord, puis d'une fillette de son école, puis d'une autre, puis de plusieurs autres. Mais bien que ces meurtres aient une importance non négligeable, l'intrigue les entourant ainsi que les enquêtes visant à les résoudre semblent secondaires. L'histoire s'intéresse beaucoup plus à l'impact qu'ils ont sur la psychologie de Joseph, sur la façon dont il se construit, comme enfant puis comme jeune homme.
L'auteur nous fait partager, avec une réelle intensité, une déferlante de sentiments telle que les vivent ses personnages. Amour, amitié, chagrin, peur, courage, colère, tout y est.
Par dessus-tout, j'ai vraiment adoré être plongé dans le Sud profond, en Géorgie puis à Brooklyn, sur trois décennies, des années 40 aux années 60. Les descriptions que fait le narrateur des lieux et des époques nous les fait partager avec lui.
Petits points noirs, le meurtre new-yorkais, qui me semble injustifié (par rapports à ceux des fillettes de Géorgie) même s'il a bien sur toute son importance sur la suite de l'histoire, et donc de la vie de Joseph et le dénouement (que l'on sent venir malgré toutes les fausses pistes sur lesquelles nous envoie l'auteur) qui est peut être trop "simplement" amené. Mais ces aspects n'ont nullement entaché mon plaisir de lecture.
Je le redis, cette découverte est vraiment un coup de cœur et j'ai maintenant hâte de découvrir le reste de l'œuvre d'Ellory.