Tout d'abord, je souhaiterai dire quelque chose qui me tient VRAIMENT à coeur. Le titre en français est complètement pété et n'a aucun rapport avec l'idée générale (ou alors éclairez ma lanterne svp) et OUI, ça me met en colère parce que la perte en traduction est un sujet sérieux et que j'ai par conséquent l'impression d'avoir lu 600 pages d'un texte traduit et appauvrit (et donc de ne pas avoir apprécié la lecture comme j'aurais du). D'autant plus que le titre original est tellement plus beau, correspond bien plus à la poésie et à la naïveté du personnage (même du récit) ! Parce que OUI, il y a de la poésie dans ce texte ; il y a de la beauté dans ces mots, et c'est une vraie perte. En dehors de ça, nous avons dans ces pages un récit/une trame noire efficace si l'on est client du genre (comprenez par là que ça comble une semaine durant laquelle on ne saurait quoi lire).
Bon, les aspects négatifs maintenant : il y a quelques longueurs qui paraissent vraiment interminables et qui ont bien failli arrêter ma lecture. Heureusement, on parvient quand même à se réveiller tant les confrontations des personnages ponctuent la vie de Joseph et redonnent un petit coup dynamique dans toute cette tragique histoire. Quant au récit double, il est des plus classiques. Il adopte des allures de journal intime, on y retrouve une certaine introspection et on en sort des indices concernant l'identité du meurtrier, mais en réalité on pourrait largement s'en passer. Sans spoiler la fin, je dirais seulement qu'elle est bien trop expéditive et qu'on l'attend depuis la moitié du livre tant son manque cruelle d'originalité. J'aurais voulu un plus long traitement de la péripétie finale (parce que déjà qu'on devine largement l'identité du killer, si en plus on n'a rien d'autre qu'une page de conclu à se mettre sous la dent ?????).
Bref, pourquoi 6 alors que j'ai passé toute ma critique à bitcher sur ce roman ?
Et bien parce que malgré tout, il propose, à mes yeux de lectrice peu formée sur le genre polar (work in progress), un excellent portrait psychologique de Joseph et c'est ce qui m'a faite arriver à la fin. on a quand même beaucoup d'attachement pour lui, pour Alex, pour Elena (qui sont selon moi les trois grandes figures qui composent le récit, les seules intéressantes). la force, l'amour et les promesses de Joseph envers ses contemporainES sauvent vraiment le livre. Mais..je reste sur ma faim, avec l'impression que l'enquête n'est finalement qu'un prétexte autour de laquelle se construit Joseph. parce qu'on ne va pas au-delà de "quelques meurtres d'enfants pendant 599 pages" et la "révélation" à la 600ème. c'est un peu creux, j'aurais bien voulu en savoir davantage sur les motivations et sur les enjeux du meurtrier... c'est quand même important dans un policier non?