Le souffle des marais de Georgie.
Oubliez vite l'étiquette polar et ne retenez que celle de best-of !
Seul le silence est un GRAND roman.
C'est écrit par un anglais mais on jurerait du Truman Capote (à qui ce livre est dédié d'ailleurs), du Faulkner ou du Steinbeck, si, si.
On y retrouve ce souffle des grands écrivains américains, de ceux qui savent raconter une histoire. Rien de moins que l'histoire de la vie, la dure et la vraie vie.
À cette lecture on ne peut qu'évoquer ces auteurs US perdus dans les vastes étendues sauvages de l'Ouest.
Sauf que R. J. Ellory a grandi à Birmingham même si son histoire se passe dans les États du Sud, en Géorgie.
Alors tout commence dans un bled perdu, au bord du marais d'Okefenokee et de la Suwanee River.
En 1939, au moment où le Monde bascule peu à peu dans l'horreur.
Mais c'est une horreur différente que connaîtra le petit comté de Charlton, Georgie : une fillette est retrouvée assassinée. Plusieurs suivront.
On accuse bien sûr les noirs sortis de leurs champs de coton, c'est encore l'époque.
Et puis un colon allemand, ce sera l'époque aussi.
Mais c'est aussi un livre sur la littérature, ou plus exactement sur l'écriture, quand lire est une raison d'être et quand écrire est un besoin vital : l'histoire d'un jeune garçon qui noircit des cahiers sous l'œil bienveillant de son institutrice.
Un jeune garçon dont l'adolescence et finalement la vie vont être façonnées par ces ignobles crimes.
[...] La cinquième victime fut la petite fille qui était assise à côté de moi dans la classe de mademoiselle Alexandra Weber. Elle était si proche que je connaissais son nom, que je savais qu'elle dessinait le chiffre 5 à l'envers. Bon sang, elle était si proche que je connaissais son odeur.
On retrouva son corps le lundi 3 août 1942.
L'essentiel de son corps, pour être précis.
Mais vous l'avez compris l'histoire policière passe au second plan : ce qui intéresse Ellory c'est le parcours de son jeune héros, écrivain en herbe, meurtri par la vie et bouleversé par les morts de ces petites filles. Et c'est ce qui fait la force et l'intérêt de son roman.
Bien sûr, à la toute fin on saura derrière qui se cachait l'affreux, mais ces ultimes péripéties seront somme toute un peu convenues sinon décevantes : ce bouquin vaut essentiellement par sa longue première partie (fort heureusement, y'en a quand même pour deux bons tiers du pavé).
On l'a dit, R. J. Ellory fait partie des grands qui savent raconter une histoire. Une grande comme des petites.
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