Ça faisait un moment que je voulais lire un roman signé Cécile Coulon. Seule en sa demeure recèle de beaucoup d’ingrédients intéressants: son approche de la littérature du dix-neuvième siècle que la romancière affectionne ( la télévision l’avait déjà sollicité sur les œuvres de Flaubert dont elle parle avec conviction), la création d’une atmosphère pesante dans une maison en pleine campagne jurassienne avec un quasi huit-clos, et aussi les élans émotionnels de ses personnages principaux ( Aimée, Candre, Henria, Émeline et Angelin). Toutefois, malgré ce don évident d’installer une atmosphère lourde, on peut reprocher à Cécile Coulon de ne pas creuser ses choix d’intrigues, de ne pas les amener avec une plus grande fluidité. La relation entre Émeline et Aimée aurait sûrement mériter d’autres scènes pour sceller un attachement plus profond où l’urgence a moins de place. La révélation du secret au cœur de Seule en sa demeure est aussi hâtive et aurait mérité quelques pages de plus pour faire comprendre le rapprochement entre deux personnages clés du roman pour le faire passer avec une logique implacable plutôt que de l’amener sur un plateau trop réchauffé.Quant à l’épilogue sur le personnage d’Aimée,il partage car sa destinée est sans issue mais peut refléter la condition féminine au dix-neuvième siècle. L’essentiel est que ce roman de Cécile Coulon a des qualités certaines et ne laisse pas indifférent au-delà de certaines postures discutables. De plus, l’envie de lire d’autres œuvres de la romancière est finalement tout de même là pour s’embarquer dans d’autres destinées particulières.