Un temps fort du théâtre

Personne bien connue de Molière, Sganarelle est quasiment le héro de son œuvre. Changeant selon les pièces mais gardant une certaine lâcheté et une certaine tendance à la rhétorique facile, le personnage incarne les faiblesses humaines sans tomber, pour autant, dans le vice infâme.
Le personnage est créé en 1660 dans une pièce éponyme qui évoque la question du cocufiage imaginaire. Une suite de quiproquo tournant autour de l'infidélité des différents protagonistes se propose dans cette pièce en un acte de vingt-trois scènes et en vers.

L'écriture est agréable et prouve la maîtrise du vers par Molière. Celui-ci est économique car il rend la compréhension simple, précise, efficace et cela malgré la complexité des quiproquos se mettant en scène. On se plaît des scènes qui apparaissent et on se demande comment cela va se résoudre. Le choix d'une conclusion heureuse, bien qu'évidente décevra un peu.
De la même manière, seul le personnage de Sganarelle est conçu avec une véritable personnalité, lâche mais désireux d'obtenir du courage, plein d'esprit, soulignant l'ineptie de l'honneur et, en même temps, sa nécessité, le personnage contient en germe tout ce qui fera le charme des développements futurs du personnage dans d'autres pièces de Molière.
Malheureusement en-dehors de lui, les personnages sont simples voir superficiels pour certains. La beauté de la langue n'atteint pas non plus certains sommets futurs de Molière. Le comique se résume à la situation et à quelques mots de Sganarelle qui découvre sa prétendue situation de cocu. Tout le reste paraît superficiel et on ne rit guère le reste du temps. On sent que la farce devait beaucoup compter sur le talent des acteurs.

Et on devine ce talent grand, notamment celui de Molière qui jouait, comme toujours, le rôle de Sganarelle, son rôle éternel. Sous la faiblesse du texte apparaît la force des représentations, plus de 122 du vivants de Molière ont été connues. On sait de plus que c'est la comédie que demanda le plus le Roi Soleil. Il nous est donc possible de penser qu'il s'agit de sa comédie préférée.
Pour ce fait, pour son importance dans l'Histoire du théâtre, Sganarelle ou le cocu imaginaire doit être lu.