Jesus Christ “Big in Japan” ?
C’est l’histoire de Rodrigues un prêtre catholique portugais se rendant au Japon pour savoir si, vraiment, un prêtre installé depuis plus de vingt aurait abjuré sa foi. Et aussi pour aider les catho du Japon dans leur foi malgré les persécutions.
Les persécutions sont d’ailleurs assez détaillées, même si elles laisseront sans doute de marbre les amateurs de roman-porno de la série des « Joy of torture » qui ont longuement présenté les divers supplices utilisés notamment sur des chrétiens. Mais pour les plus pleutres d’entre-nous la simple torture et la plus fréquente consistant à plonger le chrétien dans une eau naturellement bouillante donnera des frissons dans le dos. Si l’on n’est pas au jeux du cirque, la technique de « la fosse » semblera des plus sadiques.
Quoiqu’il en soit les choses vont mal évidemment mal se passer pour le père. Ce qui va conduire Rodrigues à remettre en question son rapport à la foi, notamment sur son universalité. L'auteur, Shusaku Endô étant lui-même catholique et à moitié étranger au Japon, c’est probablement beaucoup de sa propre perplexité qu’il met dans la bouche du père.
Par contre ce dernier a à faire face à d’autres choses assez terribles dont la trahison, et il se plait à émettre des hypothèses sur la relation Judas-Jésus. Et ce que, lui, simple petit mortel peut faire face à ses sentiments de vengence et de haine. Cela pourrait être encore trop simple si les « mandarins » locaux ne se livraient avec grande joie à divers jeux intellectuellement pervers pour forcer les prêtres à devenir des apostats.
Tout ça peut tout de même sembler très centré sur le rapport à la religion ; et ça l’est. Comment peut-on hésiter à cracher sur une croix pour éviter la torture à soi-même ou à d’autres ? Rodrigues est lui-même lapidaire lorsqu’il doute. Se disant que si Dieu n’existe pas alors toutes ses épreuves, tout son travail de missionnaire n’aurait donc aucun sens. Pour autant c’est une belle entrée dans le psychisme d’un prêtre dont l’auteur devait se sentir assez proche, et l’on reste à la fois épouvanté des souffrances qu’il endure (c’est basé sur une histoire vrai après tout) et dans l’expectative de savoir s’il finira ou non par craquer.