Silo
7.3
Silo

livre de Hugh Howey (2012)

L'unité de lieu et son fonctionnement " survivaliste"

Dans la lignée des Derniers hommes de Pierre Bordage, Hugh Howey a signé un bon récit post-apocalyptique prenant et bien agencé. Son absence de temporalité génère un petit malaise car les personnages de Silo nous paraissent proches de par leurs coutumes ou leurs technologies. Ce qui distingue ce roman est de choisir une entité vivant sous terre (baptisée le silo) et de broder autour de cette unité de lieu tout un mode de fonctionnement "survivaliste". Le déplacement des habitants sur les 144 niveaux réussit alors à procurer du mouvement sur un territoire par définition cloisonné.
Au niveau du contenu même, Silo est l'histoire d'une prise de conscience de quelques individus que les lois arbitraires régissant ce bunker gigantesque ( consignées dans un manuel appelé l'Ordre) cachent une réalité insidieuse d'asservissement humain. Certains qui ont découvert des réalités gênantes le paieront de leurs vies en "nettoyant" (un shérif,sa femme avant lui) et d'autres résisteront au système (Juliette et Lukas entre autres) en le mettant à mal ou en l'infiltrant. Sur cette succession d'événements tortueux, le lecteur vit à la fois les défaites et les petites victoires d'une communauté en quête de vérités et de rédemption. Ce mouvement de yoyo est la grande force de Silo où l'humain jauge son prochain, se positionne bien ou mal selon les circonstances et ne peut donc que trouver une tranquillité relative.
Venir à bout de ces plus de 700 pages (en format poche), c'est finalement avoir décidé que cet univers était plausible, bien foutu et qu'il émanait d'un vrai espoir malgré les drames qui ont lieu dans ce silo. D'autre part, les scènes d'exposition réussies questionnent sur le renouvellement de l'intrigue en choisissant un vis à vis au Silo 18 pour que le lecteur devine progressivement le schéma d'ensemble. Cette structure, loin d'être bancale, est un choix narratif qui m'a fait m'interroger si la tonalité n'aurait pas été différente si le "bad guy" (Bernard) du roman en apparence surpuissant n'aurait pas été plus malmené ( en dehors des soulèvements des habitants). Hormis cette interrogation, rien à dire sur Silo dont le storytelling est maîtrisé de bout en bout et qui procure un plaisir de lecture certain jusqu'au point final. Si vous êtes amateur d'anticipation retors, vous serez servis.

Specliseur
7
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le 25 mai 2017

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