Silo est un livre qui m'a scotché. J'ai adoré plongé dans cet univers qui n'est certes pas particulièrement original mais très bien traité.
L'écriture est sans fioriture, mais tire sa force de sa fluidité et de sa clarté. Un style qui me semble typiquement américain.
On reste scotché au livre qui ne cesse jamais de donner de bonnes raisons de tourner les pages. Le dévoilement des mystères du monde de Silo, par couches successives comme on éplucherait un ognon, est particulièrement satisfaisant. L'intrigue est maitrisée et se déploie avec art.
Le début du livre est à ce titre vraiment réussi. Les premiers moments avec Juliette ont été mes préférés. Son enquête tient en haleine. On a peur à chaque instant qu'elle soit repérée et qu'elle ne puisse pas découvrir la vérité que nous lecteurs, on a déjà bien commencé à deviner.
Malheureusement, l'histoire s'essoufle sur la longueur. La faute à des personnages sans reliefs qui, passés le gros de l'enquête et des découvertes, ne parviennent pas à être moteur pour le récit. Je déplore aussi quelques zones d'ombre :
- Pourquoi Juliette n'essaie pas, beaucoup plus tôt, d'aller se montrer vivantes aux caméras de son Silo ? A sa place, j'y aurais même planté une pancarte. Vider des m3 d'eau pour ensuite espérer trouver une excavatrice cachée on ne sait où, et qui ne marche probablement plus depuis le temps, ne m'a jamais semblé être la meilleure idée.
De l'entièreté du roman, il n'y a pratiquement aucun dialogue qui développe une relation entre deux personnages.
Individuellement, ils sont assez monolithiques, et souvent oubliables. Je pense que Knox, Shirly, Marck, Solo n'auront marqué personne.
Je trouve ça particulièrement dommage pour Solo. Vivre 20 ans seul dans un Silo et on n'en tire aucun dialogue intéressant avec Juliette. Il aurait pu avoir beaucoup plus à nous montrer que son impression d'être un ado dans un corps d'adulte.
Les enfants n'apportent quasiment rien à l'intrigue. Ils n'établissent aucune relation avec Juliette. On entrevoit avec une unique phrase celle qu'ils commencent à avoir avec Solo.
Mention spéciale à Lukas qui est inintéressant au possible. On a du mal à croire qu'une femme aussi affirmée que Juliette puisse l'aimer ! Et c'est normal qu'on ait du mal à y croire : on n'a aucune scène vraiment forte qui permette de développer leur relation.
Bernard est également un antagoniste très oubliable. On le voit peu agir. Il a peu de répliques mémorables, et à l'entendre, il défend presque mollement le système du Silo. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, mais je trouve qu'il a quelque chose de raté. Je me demande si ce n'est pas un incontournable du genre post-apo d'avoir des antagonistes peu intéressants. Toujours les mêmes dirigeants de survivants qui justifient leurs méthodes par la survie de leur groupe.
Juliette enfin, me semble un peu trop parfaite. J'ai adoré son côté mécanicienne, sa façon de voir tous les problèmes comme des réparations. Voir comment elle en tire de la motivation est très plaisant. Mais pour une 'graisseuse' qui a passé sa vie dans le cambouis du fond, elle semble trop polie et diplomate. C'est comme si la vie aux Machines n'avait pas marqué sa personnalité outre mesure. Je trouve sa relation avec son père quasi-incompréhensible. On ne la voit jamais développer les autres.
J'irai voir la série en voyant comment ils ont géré le développement des personnages !