I don't want to be buried in a Pet Sematary
I don't want to live my life again ♪
(Ramones: http://youtu.be/F3J0iwwsq-w)
Sans doute l'un des livres les plus sombres de l'auteur, ça tout le monde semble s'accorder là dessus, sans doute parce qu'il brise dans ce court roman un grand tabou en maltraitant cette petite famille idéale et modeste. C'est le parti pris du début: la vie est belle et tout va pour le mieux. Mais si l'on connait bien Stephen King, plus les gens ont l'air heureux et plus grand le malheur qui va leur tomber dessus sera grand.
Et ici l'auteur va se faire un malin plaisir à démonter ce simili-bonheur que vit la famille Creed en les faisant déménager près d'un endroit malfaisant et surnaturel et en faisant sortir du placard tous les cadavres familiaux (aussi bien au sens figuré que littéral). Et il s'y prend bien, on se surprend même à agiter le drapeau blanc et à supplier l'auteur que c'est bon, ils ont assez souffert comme ça. Mais il ne nous entendra jamais. Car comme il le dit lui-même: “I try to create sympathy for my characters, then turn the monsters loose.”
L'ambiance et sombre, et s'assombrit au fil des pages. Petit à petit on sent une présence maudite s'étendre autour de ce petit monde et pratiquement suinter des pages que l'on est en train de lire. L'un des rares romans qui m'ont obligé à le poser pour le continuer de jour, pour être tout à fait honnête. Les passages dans la forêt sont particulièrement réalistes et on entend presque les branches craquer et la bête nous souffler son haleine fétide sur la nuque.
La Nature comme entité menaçante, l'un des thèmes de prédilection de Stephen King, il suffit de lire "La petite fille qui aimait Tom Gordon", "Sac d'Os" ou "Dreamcatcher" pour s'en persuader. Peur enfouie en nous depuis la nuit des temps et qui ressurgit doucement mais sûrement dans notre inconscient collectif due à notre culpabilité d'être en train de la consumer à petit feu. A-t-on peur qu'elle se rebelle et ne détruise à jamais ces parasites humains? C'est certes un thème secondaire du livre (voire même pas du tout, je m'égare peut-être un peu trop), mais c'est comme ça que je perçois cette nature omniprésente, voire même presque omnipotente, dans l'écriture de l'auteur. Et on sait que c'est un thème qu'il reprendra quelques années plus tard dans "Dôme", roman aussi bien politique qu'écologique.
Pour en revenir à "Simetierre", c'est une descente aux enfers rapide et efficace (j'en profite pour faire de la pub à ozils qui l'a très bien résumé dans sa critique à mes yeux: http://sens.sc/15BVuOg). Loin d'être mon préféré, il y a là dedans tout le potentiel de Sai King et franchement, pourquoi s'en priver?