Comme "Ali Baba et les quarante voleurs", le conte "Sindbad le marin" a fait partie des livres que j'ai reçus pendant mon enfance dans des éditions parfois édulcorées et souvent fortement illustrées. Mais à l'inverse d'Ali Baba, je n'avais jamais réussi à accrocher à l'histoire …

Une bonne cinquantaine d'années plus tard, me voici à l'attaque de ce livre …

Et je crois comprendre mes réticences d'alors. D'abord il y a un second degré pas si évident à capter pour un enfant. Le livre est construit autour de sept voyages racontés rétrospectivement par Sindbad. Mais ces récits sont, en fait, "contés" par Shéhérazade, la fille du vizir, à son mari de sorte à maintenir son intérêt éveillé jusqu'au matin et à ce qu'elle échappe à son exécution. Et le conte est découpé en "nuits" à dessein pour générer chez ce mari, bien cruel, une attente (vitale) de la suite …

Ensuite, il faut bien avouer que les sept voyages sont assez répétitifs. Invariablement, Sinbad part du port (à l'époque) de Bassorah, en pleine confiance. Il arrivera toujours une bricole, une avarie au bateau ou lors de l'escale qui fera que Sindbad sera le seul survivant de l'équipage et laissé sans ressources ou en fâcheuse posture. Après quelques péripéties extraordinaires (une île qui s'avèrera être le dos d'une baleine, des cyclopes anthropophages, d'énormes serpents gloutons, …), il finira toujours par rencontrer des gens bienveillants qui lui permettront de revenir sain et sauf, après s'être convenablement enrichi. Non seulement, il retourne en pleine santé chez les siens à Bagdad mais en plus sa fortune s'est multipliée. On appellera ça, comme on voudra, de la chance ou un don fourni par Allah à son serviteur très zélé.

L'intérêt que j'ai vu à cette relecture tardive, c'est la dimension ethnographique de l'ouvrage où Sindbad découvre des nouvelles contrées et des nouveaux peuples. On peut d'ailleurs s'amuser à trouver quels sont les peuples et contrées rencontrées entre Ceylan, l'Inde, l'Afrique de l'Est (Éthiopie ou Somalie), peut-être les îles en Indonésie voire à Madagascar.

Un autre intérêt plus diffus serait les analogies avec un autre grand livre qu'est l'Odyssée (Homère). Mais là, je crains que la comparaison ne soit, cette fois, en défaveur des aventures de Sindbad.


JeanG55
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le 30 déc. 2024

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