(Critique des tomes 1 et 2)
XIVe siècle av. J.C. Au soir de sa vie, Sinouhé décide d'en faire le récit, depuis la nuit où, encore bébé, il est trouvé dans un panier flottant sur le Nil par Senmout, médecin des pauvres, et sa femme Kipa. Le couple, qui est stérile, décide de l'élever comme leur propre fils et le nomme Sinouhé, un nom tiré d'une ancienne légende thébaine.
Sa vie sera longue et bien remplie. Devenu médecin, Il soignera aussi bien les pauvres et les proscrits que les nobles et il fréquentera les cours des rois. Ses pas le mèneront de Thèbes à Babylone, en passant par la Syrie et la Crète.
Le roman de Waltari est un panorama complet de l'Égypte sous le règne d'Amenhotep IV, plus connu sous le nom d'Akhenaton, et des pays environnants.
Je connais très mal l'histoire égyptienne. Je savais que le pharaon Akhenaton est resté célèbre pour avoir instaurer le culte du dieu unique Aton et qu'il s'agit très probablement de la religion monothéiste la plus ancienne de l'humanité, mais c'était à peu près tout. J'ignorais par exemple que Néfertiti était son épouse. Ce roman est une façon très agréable d'apprendre tout cela, et tellement plus encore.
J'ai trouvé passionnant de découvrir la vie des différents peuples de la haute antiquité, dans toutes les couches de la société, les différentes techniques de médecines, les modes vestimentaires, les cultes religieux, les tactiques militaires... D'après ce que j'ai cru comprendre après m'être rapidement renseigné sur l'auteur, le travail de Mika Waltari a été salué par les égyptologues pour son sérieux et cela se ressent à la lecture.
Mais Sinouhé l'égyptien est aussi un roman d'aventure. Bien qu'étant un intellectuel, la vie de Sinouhé est pleine de péripéties. Les occasions de de réjouir pour lui ou de craindre pour sa vie son fréquentes... même s'il est vrai que les secondes sont bien plus nombreuses que les premières.
Parmi les rencontres de Sinouhé, les femmes jouent un rôle important. Que ce soit la vénéneuse Nefernefernefer, l'indomptable Minéa ou la sereine Merit, chacune est unique et marque le roman de son empreinte. Mais le personnage que j'ai le plus aimé est un homme, l'esclave Kaptah, fidèle serviteur au bagout inimitable, tantôt méprisable, tantôt attachant. Comme Sinouhé, j'ai autant eu envie de le serrer dans mes bras que de lui donner des coups de canne. Le genre de personnage qu'on oublie pas de sitôt.
L'écriture de Mika Waltari est particulière et mérite que je m'y attarde un peu, bien que je ne sache pas si je vais trouver les mots juste pour le décrire. L'auteur emploie des phrases longues et elles sont parsemées d'expressions qui reviennent régulièrement. "Tes paroles sonnent comme un bourdonnement de mouches à mes oreilles", est souvent répété dans les dialogues, pour donner un exemple. Et beaucoup de personnages sont liés à des formules toutes faites : Merit est "née dans une taverne" ; Horemheb est né "avec du fumier entre les orteils"... Ces répétitions donnent une certaine couleur à l'histoire. Une sorte de musique qui, à mes oreilles, ajoute de l'authenticité.
Si l'écriture ajoute du réalisme, cela se fait au détriment du rythme. J'ai aimé l'histoire, mais j'ai quand même ressenti certaines longueurs. Toutefois, le sentiment d'avoir lu une œuvre passionnante domine et je la recommande chaudement aux amateurs de romans historiques.