Très, très bonne surprise que ce roman japonais, qui très loin de son fait divers initial, nous raconte une lutte d'influence au sein d'un commissariat départemental, déchiré entre le pouvoir administratif et la police judiciaire. Au milieu en homme nouvellement arrivé dans au service administratif en tant que responsable des RP mais ancien de la PJ, en proie à ses propres doutes suite à la fugue de sa fille.
On sort ici de tous les carcans du polar occidental, on a affaire à un "vrai" roman, superbement traduit car la lecture est très fluide, alors qu'il s'agit d'un vrai gros pavé, détaillé, minutieux. En toile de fond certes ce meurtre horrible, mais avant tout ce combat quotidien pour se dépêtrer des ambitions des un et des autres, et lutter quand c'est possible contre le pouvoir central de Tokyo, plier le moins possible sinon.
Ecrit par un local, forcément aucun cliché sur l'honneur, le sacrifice et cie... certes on sent l'importance de garder la face, mais les protagonistes n'hésiteront pas à se mouiller et prendre des risques lorsqu'il le faut.
La seule difficulté aura été pour moins de mémoriser les noms et positions de chacun, un organigramme n'aurait pas été superflu, mais rien qui n'ait pu entraver mon enthousiasme de suivre Mikami tandis qu'il démêle un à un les faits et gestes de tous ceux qui lui compliquent si fort la vie. L'immersion est totale, on préfère les détails aux grands dialogues, mais aucun n'est utile ou inintéressant.
L'auteur ayant été par le passé journaliste judiciaire on comprend vite cette capacité à nous vendre immédiatement tout ce qui se joue ici.
Un petit regret pour le dernier quart du roman, un peu moins flamboyant que le reste, mais j'étais tellement emballé par ce livre que j'en attendais presque trop. Clairement une référence du genre "policier mais pas que".