Quatorze ans ont passé depuis qu’une fillette de sept ans a été enlevée contre une rançon dans la banlieue de Tokyo. l’argent a disparu, la fillette a été retrouvée morte, et l’assassin court toujours. Pour Yoshinobu Mikami, ancien inspecteur de police sur le terrain et désormais directeur des relations avec la presse, cette affaire non résolue est comme une infamie parce que ce cas de figure ne s’était jamais produit. Alors que la prescription des faits approche et qu’il doit lutter contre ses propres problèmes professionnels et personnels (sa fille a quitté brusquement le domicile familial et n’a plus donné signe de vie), Miami reçoit ordre de préparer la visite du chef de la Police Nationale. Celui-ci a des grandes annonces à faire, et veut en profiter pour rencontrer le père de la petite victime. Le problème est que le père ne souhaite pas collaborer, que la presse reproche les méthodes de la police et menace de faire sécession, et que les services administratifs et criminels se tirent dessus à boulets rouges. Baladé comme un pion au milieu de tout ça, Mikami se demande si cette visite ne cache pas quelque chose de bien plus important qu’on chercherait à étouffer. Parallèlement, il découvre que l’enquête sur la disparition de la gamine, le « six-quatre », est peut-être entaché d’erreurs.
Pour couronner le tout, le cauchemar recommence : un nouvel enlèvement en tout point identique …
Qualifié sur la couverture du roman de phénomène du polar nippon, Yokoyama partage avec son confrère américain Michael Connelly le fait d’avoir été journaliste judiciaire avant de devenir écrivain. Son personnage de flic est d’ailleurs le pendant nippon d’un croisement entre Harry Bosch et Mickey Haller, avec cette étonnante facilité de se foutre dans les emmerdes en gardant au maximum sa façon de penser quoi qu’il lui en coûte. Pas forcément d’un abord facile - retenir les noms des protagonistes a été un peu compliqué ! - ce roman est à la limite plus un témoignage du fonctionnement de la police japonaise et de ses relations avec la presse toute puissante. La partie qui concerne entre autres l’anonymat des victimes récusé par les quotidiens, tout à fait révélatrice, occupe une bonne partie de l’histoire. Les relations de Mikami avec ses supérieurs, devant sans cesse composer avec la susceptibilité de chacun, offre un regard interessant sur un monde qui nous reste en général assez peu connu, en particulier les us et coutumes, les gestes de politesse et de courtoisie… comme celle où, se rendant chez un supérieur sans y avoir été invité, Mikami débarque avec un présent, ce qui empêche son hôte de lui refuser l’entrée. La nouvelle disparition de jeune fille, survenant dans le dernier quart du roman, apporte un peu plus de mouvement à une histoire assez statique, et permet à l’auteur d’apporter les réponses à cette affaire vieille de quatorze ans.
Vous l’aurez compris, Six quatre n’est pas à considérer comme un polar classique. inutile de chercher des morts, des gunfights, des serials killers, ce n’est pas du tout le propos de l’auteur. C’est plutôt l’immersion dans la culture d’un pays via sa police qui est interessante, et qui rend cet ouvrage plus proche d’un reportage. Si cette facette vous intéresse, alors n’hésitez pas! Munissez-vous quand même d’une page de note afin de relever les noms des protagonistes !