Snuff
6.2
Snuff

livre de Chuck Palahniuk ()

«Le meilleur conseil que mon vieux m’ait donné, c’est de raser les poils à la base de la queue, qu’elle bande ou pas, comme ça elle paraîtra trois à cinq centimètres plus longue.»

Le ton est donné, âmes sensibles s’abstenir ! Pouvant considérer Chuck Palahniuk comme un auteur hardcore, quand celui-ci entreprend de donner pour thème principal de son roman l’industrie pornographique, on peut s’attendre à un résultat very hardcore… Je vous rassure, c’est bien le cas alors respirez un grand coup et bienvenue dans Snuff !

Une star du porno sur le retour et six cents hommes candidats à un gang bang, «tels des taureaux parqués par groupes près d’une vache fertile», voilà le cocktail explosif dans lequel nous entraîne Palahniuk. 200 pages de délires sexuels tous plus imaginatifs les uns que les autres, qui nous emportent avec fureur dans une espèce de huis clos où la vengeance est vénérienne.

Mais si (mon tant aimé) Chuck Palahniuk est encore plus trash et subversif que jamais (ô joie!), ce n’est pas pour le simple plaisir de choquer son lectorat. Il analyse, dissèque et expose une fois de plus les nombreux vices de l’espèce humaine dans un milieu où règnent corps huilés et torses imberbes. Et c’est justement là que réside le talent narratif de Palahniuk, puisqu’il parvient à nous dégouter plus par la description physique de nos congénères humains – aux corps suants, attaqués sans cesse par de furtifs coups de rasoirs, assaillis d’auto-bronzant par d’excessives couches brunâtres, sales – que par leurs nombreuses pratiques sexuelles vraiment hardcore qui s’avèrent finalement toutes plus divertissantes les unes que les autres.

Certes ce n’est pas le roman le plus subtil et cynique de Palahniuk, puisque cette fois, le sexe (élément récurrent dans ses tous ses romans), plus que le prétexte, devient la jonction de tous les personnages du récit. Drôle ou tragique. La sexualité, l’attrait, les conséquences et le pouvoir du sexe est disséqué. Nous offrant à chaque chapitre des instants d’hilarité, que ce soit dans les titres parodiés de films qui jalonnent quasi toutes les pages du roman: Tant qu’il y aura des zobs, Le facteur nique toujours deux fois, The Wizard of Ass, La ruée vers Laure… pour ne citer que ceux-là (bravo au traducteur Claro, qui a su les adapter à la langue de Molière), ou dans un chapitre entier consacré au processus de fabrication d’un realistic gode (jouissif!).

Au fil des pages, les intentions de chacun se font plus claires : désirs de vengeance, pulsions homicides. Palahniuk nous emporte dans une intrigue, mélange de sexe, de violence et de mort, car si le porno «transcende les races, les nationalités et la famille», tout le monde n’en sortira pas indemne !

Respirez un grand coup et ouvrez Snuff, là où l’onanisme devient coupable, où les stars adulées du porno deviennent des moins que rien, où les paillettes et corps parfaits donnent des haut-le-cœur… là où le beau devient sale !
elmatador
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le 13 sept. 2013

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