C'est sans grande surprise que la trilogie policière m'a happée, et je suis donc définitivement conquise par la plume de Jean-Claude Izzo.
Je ne suis pas certaine que l'auteur compte parmi les meilleurs du genre, les intrigues peuvent presque être redondantes et le ficelage n'est pas le plus subtil des enquêtes que j'ai pu lire (on a un Fabio Montale qui fonce délibérément tête baissée dans les emmerdes); toutefois son style est à mon sens PARFAIT.
En effet, dans toute description de l'auteur on a cette espèce de justesse et de justice. Il est toujours mesuré dans son propos (si le terme "mesure" est bien choisi? Je n'en suis pas sûre…): tout est pourri et pourtant dans tout recèle une certaine beauté. En l'occurrence Izzo nous fait aimer Marseille sans passer sous silence des sujets sociétaux qui pourraient rendre la ville méprisable, (racisme Mafia corruption sont définitivement les chevaux de guerre de notre romancier engagé), les portraits dressés des personnages et des relations entre eux sont d'une finesse difficilement égalable alors que le rythme lui est plutôt effréné.
Cette lecture nous emmène toujours droit à l'essentiel, et quand détails il y a on a la sensation que chaque mot a subi une sélection drastique, que rien n'est laissé au hasard au service des intérêts du narrateur comme de la compréhension du lecteur dans une totale symbiose. Bien que cette trilogie soit une fiction, (c'est d'ailleurs bien précisé en début de chaque tome), les accents de vérité sont flagrants.
Et pour ne rien gâcher tous nos sens sont mis en éveil durant ces 3 tomes avec sans cesse des recettes de produits frais et locaux à chaque chapitre, ainsi que des références musicales nombreuses qui incitent à la découverte, ou à la redécouverte.
Merci Monsieur l'écrivain