6ème opus de la saga des Rougon-Macquart, Son Excellence Eugène Rougon, propose une analyse, une nouvelle fois terrible, des moeurs du XIXème siècle. Et toujours dans un nouveau milieu social, qui est ici le pouvoir politique.
A la découverte du IInd empire
J'avoue être un piètre connaisseur de l'histoire institutionnelle du XIXème siècle en France. Y rentrer par le roman m'a permis une introduction par la petite histoire. J'ai ainsi appris que le premier (et dernier) empereur du IInd empire n'était autre que le dernier président de la IInde république. Juste un coup d'état de plus, en somme. Et on entre dans les arcanes de la vie politique. Un axe de lecture instructif pour un béotien comme moi. On découvre ainsi l'existence d'un parlement (pour la rigolade, au moins au début), et de ministres nommés directement par l'empereur. Le pouvoir reste bien sûr auto-centré. Mais déjà, on comprend que la monarchie absolue est bien loin, et que les alliances de circonstances entre personnages influents est une des clés du maintien au pouvoir. Et ces luttes de pouvoir vont faire le ressort romanesque.
Deux personnages hauts en couleur
C'est Eugène Rougon, que l'on suit essentiellement, sur une libre inspiration d'Eugène Rouher, plutôt porteur de la frange autoritariste de l'empire. Et de fait, c'est bien lui, qui, notamment à l'intérieur est missionné pour porter l'ordre et parer court à toutes les tentatives de complot d'un régime forcément assez peu stabilisé pour le moment. Le personnage, éminemment peu sympathique, ne bouge que parce qu'il manipule ou que parce qu'un autre personnage, sans doute encore plus malin, manipule encore plus fort, peut-être pour lui, peut-être pas. C'est Clorinde, personnage féminin qui joue de tous ses atouts (son corps, son intelligence, sa richesse en provenance d'Italie) pour bouger ses pions. Et peu se méfient. Après tout, comment se méfier d'une femme jouant les superficielles ?
La morale de cette histoire
Ici, personne n'est porté par le bien. C'est, comme souvent, le pouvoir et l'enrichissement qui se jouent ici. Personne ne recherche rien d'autre. Et à la réflexion, plus les gens sont riches, moins Emile n'a envie de sauver qui que ce soit du naufrage humaniste. Car ici, personne n'a le beau rôle. Tout le monde joue sa carte, personne n'aime personne, il s'agit juste d'une question d'appui, d'alliance.
Ca peut faire trop, trop d'écoeurement, trop d'intérêts privés sans intérêt public, trop de manipulation. Mais suis-je en mesure de m'opposer à Zola et de dire, c'est faux, il y avait aussi des gentils ?
Un roman édifiant, mais un peu trop long par rapport à la taille du scenario.