On avance dans la série des Rougon Macquart, avec ce 6ème roman. On retourne enfin à Paris, pour suivre le personnage dont l'ombre plane sur tout le reste de la saga, par ses manigances et ses jeux de pouvoir : Eugène Rougon.
Cette fois-ci, contrairement à la Curée ou au Ventre de Paris, on plonge dans les arcanes du pouvoir sous le second empire, ce que personnellement j'attendais beaucoup.
Il y est très bien décrit la cupidité et l'opportunisme des personnages qui gravitent autour du pouvoir, la monarchisation de l’empereur (le baptême du prince, les réceptions fastueuses et les parties de chasse à Compiègne), malgré l'apparence d'organes démocratiques (assemblée ronronnante, avec 5 députés républicains), et la manière dont l'empereur compose avec la bourgeoisie hégémonique tout en cherchant à reconstituer une aristocratie dans cette nouvelle donne, en gardant l'apparence du libéralisme. Le plus frappant est la manière dont ces personnages de cour s’accommodent de toutes les contradictions, tant que le business tourne. Ce livre résonne puissamment avec l'actualité, Juan Branco aurait aimé l'écrire, s'il en avait le talent.
En revanche le problème du livre réside dans son intérêt : on se perd dans les personnages de la bande à Rougon, dans leurs enjeux mineurs, où seule survole Clorinde, dont la relation avec Rougon est plus complexe, et les objectifs plus difficiles à discerner. Ils sont tous insignifiants, ce qui était le but, et c'est très réussi. Mais c'est un peu chiant.
Bien, mais moins que Le Ventre de Paris. Il manque un grain de folie.