Clémentine Beauvais a aimé Eugène Onéguine d'Alexandre Pouchkine tant et si bien qu'elle en a repris la forme (écriture en vers) et le fond (l'histoire d'amour contrariée entre Eugène et Tatiana). Même si son écriture est inventive, qu'elle modernise une histoire "old school" en lui redonnant des codes actuels (le sms, Skype), la jeune écrivaine n'a fait que remixer un classique de la littérature russe. Cette contribution n'est pas méprisable, au contraire, mais elle prouve quand même que cette publication est à l'image d'une époque qui recycle pour ne rien inventer de bien neuf. Quand Eugène Onéguine se fait relifter pour une littérature young adult, le personnage de Tatiana n'est plus la soeur aînée d'Olga mais sa cadette, sa séparation avec Eugène n'est plus causée par un duel ayant mal tourné mais un malheureux incident sur un toit, etc... L'adaptation suit le leitmotiv t "traduire, c'est trahir " mais il me semble que ce travail était un peu prématuré pour une jeune écrivaine de vingt sept ans publiant son deuxième roman. Cela n'enlève rien au mérite de la tentative de Clémentine Beauvais dont le principal apport est de vouloir refaire découvrir l'Eugène Onéguine de Pouchkine et son contexte original. A noter aussi que Songe à la douceur est dénué d'ennui, ce défaut toujours préjudiciable à la lecture d'un livre peu importe son genre.Et c'est là, sa plus grande qualité.