C’est assez étrange car je suis assez sévère sur la note de l’intégrale alors que chaque volume m’a assez plu.
Explorons donc cette divergence
Globalement, l’univers est la plus grande qualité de l’ensemble de la saga dans la mesure où l’auteur en profite pour régler ses comptes avec ses contemporains sur pas mal de questions de mœurs, la saga entend tordre le cou au machisme, au racisme, au snobisme… De ce point de vue, on peut presque s’étonner que Witcher ne se soit pas encore fait condamner pour bon nombre de tous ces courageux conservateurs post-catho pourfendeur du woke, manque de subtilité de ces derniers sans doute.
L’univers est donc plaisant à découvrir, mais malheureusement, au fil des volumes, une fois les comptes avec son époque réglés et sans doute parce qu’on n’avait plus grand-chose à dire et qu’il fallait remplir le frigo et contenter l’éditeur, ça s’étire… D’un côté on regarde les personnages tenter de surmonter leur adversité, de l’autre, ça tombe un peu dans une surenchère d’histoires pas forcément bien millimétrée depuis le départ. Les effets de manche narratif ne cachent pas toujours bien ce côté improvisé, la chasse sauvage qui passe dire bonjour de temps en temps l’illustre bien.
Sur ces sept volumes, on aurait pu avoir le temps d’explorer un peu plus des personnages au destin si tragique qui suivront sans qu’on sache trop pourquoi notre chasseur de monstres préféré, notamment, Milva, Angoulême, Cahir et surtout Régis. Même Yennefer est mal développée alors qu’elle est centrale, car Geralt disparait durant de nombreux chapitres.
Reste celle qui hérite de la part du lion : Ciri, pauvrette simplette qui rabaisse l’œuvre à une histoire adolescente confrontée à la lubricité récurrente des personnages adultes, autant dire que ça ne suffit guère à faire de ses aventures un réel roman d’apprentissage.
Autre divergence d’importance, l’écart entre les ouvrages et le jeu vidéo, on a déjà expliqué à quel point le jeu vidéo mettait à l’honneur le crépuscule du Moyen-Âge et l’essor balbutiant de la civilisation moderne, si on sent bien cette réflexion dans les premiers volumes à travers la présentation de l’univers, ça disparait complètement par la suite, sans être trop remplacé par de nouvelles problématiques, ce qui est agaçant.