Ce petit livre de 90 pages s’adresse à tous les militants (qu’ils soient du genre insoumis pro élections ou anarchistes abstentionnistes). Lagasnerie nous interroge sur l’efficacité de nos actions. Qu’est ce qui est à garder ? Qu’est ce que l’on doit changer ?
Je ne sais pas si ce genre de réflexions sur l’efficacité des luttes est commun. J’ai lu il y a peu l’altruisme efficace de Peter Singer qui, d’une manière très complémentaire, interroge l’efficacité des différentes luttes. Ici Lagasnerie sonde le bienfait des pratiques militantes, peu interrogées et devenues inefficaces. Si les grèves portaient leurs fruits il y a 30 ans, aujourd’hui, elles ne parviennent pas à être rentables étant donné l’énergie et le coût financier que doivent supporter les grévistes. Il propose des formes d’actions radicales qui sont souvent perçues comme une renonciation, un manque à la pureté : l’infiltration des institutions serait une vraie radicalité. Il souligne les bienfaits d’avoir de nombreux magistrats de gauche radicale plutôt que la situation actuelle où la majorité des militants faisant des études de droit deviennent avocats.
Il interroge également sur la contestation telle qu’elle est menée depuis 30 ans : contre la loi retraite, contre la réforme du droit du travail, contre le CPE. La gauche ne fait plus que des luttes défensives. En plus d’être rarement victorieuses, les rares victoires ne sont en fait que des statut quo. Très difficile de provoquer de grands enthousiasme pour défendre un monde d’avant la réforme qui ne nous convenait pas. On ne va plus de l’avant. A quand la dernière manifestation pour une réduction du temps de travail pour un travail pour tous, de meilleure qualité ?
En moins de 100 pages, très claires et lisibles, on réfléchit beaucoup et on se remet beaucoup en question. Même si je trouve certains jugement trop hâtifs sur L214 qui contrairement à ce qu’il dit n’a pas fait que diffuser des images abattoirs mais à fait changer de nombreuses lois et a donc fait beaucoup plus pour le bien être animal que n’importe quelle autre association. Sans compter l’éveil des consciences que cette association a porté. Ce livre risque de se heurter au sceptisisme des luttes traditionnelles parce qu’il ne souligne pas assez l’utilité des manifs (par exemple la manif du comité adama traoré suite à la mort de georges floyd qui a mis le sujet sur le devant de la scène). Il interroge surtout le fait que l’on se dit que l’on a fait notre part quand on revient d’une manif et que rien n’a changé.
D’autres sujets sont abordés comme la croyance que nos dirigeants sont simplement des gens ne se rendant pas compte des problématiques sociales et sont mal informés. Qu’il suffirait de les en informer mieux. L’utilité du refus de voter est également remise en question. Ainsi que le lien social à instaurer avec les classes populaires pour qu’à nouveau, le PCF ou d’autres partis progressistes soit le vote naturel des exploités.