La narratrice, Miyako, évoque son histoire familiale, liée à la maison longtemps occupée. Pourtant, cette maison a été désertée pendant de longues années (1986 à 1996), suite au décès de la mère. Et Miyako revient de façon détaillée sur la maladie de sa mère, mais aussi sur leur relation. Ce qui ressort, c’est la personnalité particulière (un peu fantasque) de la mère, qui n’a jamais entretenu avec Miyako les relations que sa fille espérait, du simple fait que Miyako était une fille. Miyako considère que l’attention de sa mère allait davantage vers son frère Ryô. Celui-ci est pas mal évoqué dans ces pages, en raison de la grande tendresse que Miyako éprouve pour lui. Pendant les années 1986-1996, Miyako et Ryô ont vécu sans trop se voir, parce qu’ils menaient des vies assez différentes. Et puis, en 1995, Ryô échappe de peu à l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo. Marqué, il décide de revenir vivre dans la maison familiale et d’y emménager avec Miyako.
Dans cette maison, Miyako et Ryô ont commencé une cohabitation un peu particulière. Ainsi, Miyako a décidé que la petite chambre du haut resterait condamnée. Cette chambre contient de nombreuses montres et horloges qu’on peut même entendre émettre leur tic-tac. Mais, pour quelle raison cette pièce reste donc comme interdite ? Un sanctuaire, aux yeux de Miyako ?
Constitué de 9 chapitres (et 211 pages), ce roman fait la part belle à l’introspection. A première vue, on s’attend à la succession des souvenirs et sensations de Miyako, avec la sensibilité qu’on connaît à Hiromi Kawakami. D’elle, j’avais déjà lu La brocante Nakano et Les 10 amours de Nishino avec un certain plaisir, mais sans le réel enthousiasme que j’espérais, trouvant ses histoires pas assez marquantes. Ici, elle commence en affichant la nostalgie de Miyako pour l’ambiance familiale de sa jeunesse et elle marque sa narration de remarques discrètes mais très japonaises :
« Quand Nahoko est arrivée de l’aéroport, elle est entrée dans la maison sans enlever ses chaussures, vous vous rendez compte ! Et sa mère riait tant et plus. » (page 8).
Ce qui nous permet d’évoquer Nahoko, amie d’enfance de Miyako et Ryô, puisque la scène en question relate son retour des États-Unis, encore très jeune. Nahoko y est restée suffisamment longtemps pour s’imprégner d’un accent typique. Quand elle revient dans cette maison, tout se passe comme si Nahoko faisait partie de l’entourage familial depuis toujours. Un peu plus loin :
« Tout le monde sait que Dieu et le saints viennent près de nous quand nous dormons. Puisque maman était morte, elle était devenue une sainte. Elle parlait avec tendresse et je me disais qu’elle me pardonnait. » (page 11).
Que pardonnait-elle à Miyako ? Probablement les griefs qu’elle entretenait en pensées.
Autre personnage important dans l’entourage familial, Takeji qui aurait voulu épouser la mère de Miyako. On a du mal à comprendre pourquoi elle a refusé, ce qui n’a pas empêché Takeji de rester dans l’entourage familial. Reste le père de Miyako, celui qui a acheté de nombreuses montres et horloges.
Un drame à tendance psychologique, voire psychanalytique ? A mon avis, Hiromi Kawakami (ne pas confondre avec Mieko Kawakami), se contente d’un roman à sa manière, avec un style tout en douceur pour mieux faire ressortir quelques révélations très inattendues. Sans atteindre au chef d’œuvre, cette fois-ci voilà un roman marquant.