Avant tout, je souhaite préciser que la note qui va de paire avec cette critique concerne uniquement le dernier tome de la saga Ramsès. Une saga qui par ailleurs est assez hétérogène, et dont le livre final est, à mon sens, le plus mauvais de tous.

J'aimerais commencer par dire que j'ai du mal à comprendre les raisons qui ont pu justifier l'existence de cet ultime ouvrage, l'opus précédent constituait déjà, selon moi, un point final à la l'épopée de Ramsès. Sous l'acacia d'occident n'est qu'une redite des aventures précédentes.

Et nous arrivons au premier point, l'histoire de Ramsès semble se rejouer à l'infini. Combien de description élogieuse de Ramsès ai-je lues, combien de complots sont fomentés de la même manière et combien de fois Ramsès, par sa sagesse et l'aide des dieux, arrivent à les contrecarrer ? Le même schéma narratif semble se répéter ad nauseam, et ce livre en est la parfaite incarnation. Ce dernier tome aurait pu être magistral si nous avions, par exemple, assisté à la lente ruine de l'Egypte. Imaginez une seule seconde, vous venez de lire plus de 1000 pages vous racontant l'histoire d'un homme donnant tout pour son pays et qui, à la fin de son règne, voit l'oeuvre de sa vie s'effondrer sous ses yeux. Mais non, vous aurez finalement le droit à une énième séquence où l'éléphant de Ramsès va le sauver in extremis d'une catastrophe (sérieusement, je me demande combien de fois cette action revient dans le bouquin).

Bon et puis il faut dire que la manière dont sont décrits tour à tour l'empire Egyptien et l'empire Hittite sont un peu ridicules et caricaturales. L'un est présenté comme le grand méchant de l'histoire qui finit par se soumettre à la grandeur de l'Egypte tandis que l'autre semble être l'incarnation du bien sur Terre. On pourrait déjà se demander s'il existe une description plus manichéenne que celle là, mais une autre question me vient : quelle est la différence fondamentale entre les deux empires ? Ramsès, qui passe pour le gentil de l'histoire, est, en fait, un tyran qui possèdent les pleins pouvoirs, qui prônent l'effacement de l'individus pour l'intérêt supérieur de la nation et qui, au moindre problème, fait déplacer son armée royale pour régler les problèmes à coups de lances et de flèches (alors même que les volontés d'indépendances des provinces dirigées par pharaon semblent parfois légitimes - satané impérialisme...) Avec tous ses éléments, j'avoue avoir un peu de mal à avaler la pilule quand on me présente la nation Hittite comme les horribles guerriers belliqueux.

Enfin bref le livre est dénué de toute ambiguïté intéressante, il est lisse et ne s'illustre ni par son style ni par sa narration. Evidemment qu'on est un peu ému quand les protagonistes finissent par succomber au poids de la vieillesse, j'ai envie de dire que c'est la moindre des choses après avoir passer des heures et des heures à leur côté.

PS : je rajoute ici un petit commentaire parce que je pense qu'il relève plus d'une lubie personnelle que d'une réelle critique esthétique du bouquin. Voici une phrase que l'on retrouve à plusieurs reprises : "que le petit comme le grand reçoivent du pharaon leur subsistance". Force est de constater qu'il n'est jamais cas du "petit" dans le livre, et il me semble que si, pendant plusieurs milliers de pages, il n'apparaît jamais, cela témoigne d'un certain mépris qu'on lui porte. Ce ne sont pas les Ramsès qui ont fait l'histoire, mais bien les milliers d'agriculteurs, d'artisans et de petits gens qui, sous la chaleur du soleil d'Egypte, ont porté les pharaons au sommet de notre monde.

Martinux
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le 20 févr. 2023

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Martinux

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