Je partais avec un a priori positif sur Michel Faber. Même si « Le cinquième évangile » ne m'avait pas convaincue plus que ça, il reste l'auteur du magistral « La rose pourpre et le lys », qui fait partie de mes plus belles découvertes de ces dernières années.
« Sous la peau » est son premier roman, et déjà on y trouve la même énergie, ce talent de conteur, et le plaisir de se laisser guider par quelqu'un qui apparemment sait où il va. Cependant, là où je trouvais que le narrateur de la Rose pourpre me prenait par la main, j'ai parfois eu l'impression d'être traînée par le bras dans « Sous la peau », sans avoir le temps de me poser, brinquebalée d'un côté à l'autre. L'auteur distille ses indices avec précision, et quand on croit avoir enfin tout compris, un nouvel élément vient faire s'écrouler nos théories.
Ce qui m'a d'abord étonnée, c'est le genre du roman. Je sais qu'il ne faut jamais l'attendre dans une catégorie précise, mais en abordant ce livre, rien ne me laissait présager ces éléments de science-fiction. La quatrième de couverture nous indique mollement un polar... Plutôt déstabilisant ! Il y a du polar, mais aussi de la SF, du thriller, de la fable parfois, un brin de philosophie. A boire et à manger pour tout le monde !
En fin de compte, j'en ressors perdue. Je ne sais pas ce qu'il voulait que j'y trouve, exactement. En vrac, on s'interroge sur le rapport entre l'humain et l'animal (au point que je me suis sincèrement demandé si j'avais entre les mains un pamphlet végétarien), la notion d'identité, d'appartenance à un groupe, de stigmatisation, la commercialisation à outrance... Ca fait beaucoup, tout ça. J'aime me demander tout au long d'un livre où on m'emmène, mais quand je réalise que c'est à la fois partout et nulle part, je ne peux pas m'empêcher d'être déçue.
A lire pour sa plume, pour se laisser surprendre et malmener un peu, et parce qu'il est loin d'être inintéressant. A oublier si on aime les histoires bien linéaires.