C'est le premier bouquin que je découvre grâce à librarything, par rapprochement de bibliothèques, et quel bouquin ! Un ovni... Visiblement, c'est son récit pédagogique de mai 68 à des élèves de lycée qui ont inspiré à l'auteur cette fable d'ambiance post-apocalyptique. On se retrouve au milieu d'une France en plein chaos, suite à un événement grave survenu plus tôt, auquel le personnage principal fait référence sous l'appellation du "grand bordel". Tandis que les autorités s’attellent à rétablir l'ordre, des groupuscules armés en décousent sur fond de discours philosophique et d'idéologie politique. Bien sûr, les factions d'extrême gauche combattent celles d'extrême droite. Mais quand il n'y a plus de fascistes sur lesquels taper, les factions d'extrême gauche s'affrontent entre elles. Et elles sont nombreuses ! Mais celle qui nous intéresse, c'est la Faction Armée Spinoziste, menée par celui qu'on surnomme Spinoza, et qui a pour objectif principal d'exterminer les Jeunes Hégéliens. C'est "l'éthique contre l'esthétique".
Il y a de quoi être tout de suite séduit par le style aussi direct que précis de l'auteur. C'est plein d'humour et de distance. J'étais franchement transporté dans cet univers original et frais, et pourtant datant de 1983 ! Le côté scènes de combat en métaphores de conflits idéologiques me fait penser aux mangas. On compare ce bouquin à Mad Max, mais ce bouquin est infiniment plus dense, là où Mad Max n'est que pur esthétisme justement. Creux. Ce n'est qu'une histoire d'amour et de vengeance, alors que le bouquin est une véritable fresque d'une période historique politiquement essentielle et incroyablement prolifique et créative.
En dénouement survient les géniales retrouvailles avec les femmes, absentes des factions armées gauchistes réservées aux hommes. Naturellement, elles sont regroupées en factions armées féministes. Et lorsqu'elle attrapent un homme...