Voici un roman noir, un polar, plutôt qu'un policier. Que ceux qui recherchent une intrigue policière classique aillent voir ailleurs, par exemple La Belle de Fontenay du même auteur. Ici c'est avant tout un univers que nous décrit Jean-Bernard Pouy, un univers de chaos où les cadavres sont légions, la violence omniprésente, la vengeance indispensable. On se bat pour se procurer de l'essence, des armes, on n'a aucune pitié, tout n'est que vengeance. En effet, deux ans après le "grand merdier" (événement qui n'est pas raconté, peut-être lié à une catastrophe nucléaire, mais qui a sans conteste provoqué un véritable chaos), des groupes armés se lancent comme défis de s'éliminer mutuellement. Parmi eux des groupes staliniens, trotskistes, néo-punk, fachos, des groupes de femmes ... et le groupe de la Fraction Armée Spinoziste, qui lutte contre les Hégéliens. Notre héros, Julius Spinoza mène sa bande dans le sud de la France pour achever ses irréductibles adversaires. Le décor de ses aventures : des décharges, de vieilles usines, des hangars.
Tout cela se lit très bien, c'est écrit dans un superbe style, un peu à la Ferré, et dans ma bouche c'est un compliment. Tout cela est donc très beau. Mais il n'est pas forcément facile de comprendre le propos de l'auteur. Que veut-il nous dire ? Si l'univers est superbement décrit, on ne voit pas très bien où veut nous emmener Pouy, on reste quelque peu perplexe en refermant le livre, même s'il restera quelques belles images, comme celle de Julius : cheveux rouges, vêtements noirs, écharpe de soie blanche, bottes de lézard mauves, Smith et Wesson à sa ceinture en croco...
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