« Jusqu'ici tout va bien. » pourrait être la devise de cette femme vieillissante qui entretient et gère l'hôtel miteux hérité de sa grand-mère, construit en plein milieu d'un marais à l'air pestilentiel, son bois pourrissant, ses tuyauteries rouillées fuyant de tout côté, sa charpente menaçant de s'effondrer, en bref insalubre et sordide. Mais ce cadeau empoisonné, elle en est fière et le maintient debout jusqu'à la fin, contre toute raison, et malgré ses deux soeurs parasites qui font fuir les quelques clients restant.
Ce roman est avant tout un excellent monologue intérieur résumant les pensées, la dispersion mentale du personnage, grâce à un enchainement de phrases ultra courtes changeant subitement de sujet de l'une à l'autre, ou au contraire se répétant de manière obsessive, comme si la narratrice était au bord de la folie, s'attardant sur des choses insignifiantes pendant que sa vie et celle de ses sœurs se décompose avec son hôtel malsain.
Autre particularité de ce monologue intérieur (technique souvent utilisée pour ralentir le temps et décrire une grande somme de sensations se produisant en un cours laps de temps), il permet ici de voir le temps en accéléré, de passer des mois ou des années en quelques phrases, comme si la vie de la narratrice avait défilé sans qu'elle s'en rende compte – un procédé nouveau pour moi et que j'ai aimé découvrir.