Peu connu, (réédité par Libretto en 2017) Ce livre commence à l'événement le plus important de la bataille de Stalingrad : l'encerclement de la VIème armée allemande par les forces soviétiques. Il ne s'agit pas d'un de ses innombrables récits de guerre vantant la bravoure du soldat face à un ennemi supérieur en nombre et en armes à la Jean Mabire, mais bien d'un roman de guerre, écrit par un anarchiste de surcroît. Ici pas d'héroïsme, pas de troupiers se sacrifiant, mais simplement la bataille telle qu'elle fut.
C'est à dire un ensemble d'offensives, de contre offensives, de privations (on mentionnera, à titre d'exemple la réduction progressives des rations de pains qui sont à 100 grammes par jour et par tête en janvier 1943), jusqu'à la capitulation finale. L'action (on suit une dizaine de personnages) est volontairement confuse et donne à voir tout les grades du 1er classe à Von Paulus, le général (et maréchal lors de la défaite). L'accent est mis sur l'importance politique que prend Stalingrad, au fur et à mesure du conflit : il s'agit pour le régime hitlérien de sauver la face, jusqu'à donner des ordres impossibles à exécuter, et à ordonner de se "battre jusqu'à la dernière cartouche". La propagande est comparé aux terribles conditions de vies sur le front, ou les hommes meurent dans la souffrance et les cris des postes sanitaires. Artifice littéraire intéressant, plus l'on avance dans le roman plus les descriptions se font nombreuses (les premiers mois de la bataille occupe une cinquantaine de pages, la fin deux bonnes centaines), et plus on voit au jour le jour la bataille. La confusion décrite évoquera la bataille de Waterloo telle que décrite par Stendhal.
Première grande défaite (à ma connaissance) de l'armée allemande ce fut le début de la fin pour le Troisième Reich.