Stella et l’Amérique, Joseph Incardona, Finitude
Stella est une jeune prostituée qui fait des miracles. Ses clients qui arrivent malades repartent en pleine forme. Ce qui pourrait sembler un atout n’est pas bien vu par le Vatican : "une sainte-putain ça n’est pas présentable". Dès lors, la voici pourchassée par des jumeaux-tueurs, par un journaliste qui flaire le Pulitzer et secourue par un curé ex-navy-seals.
La quatrième de couverture en appelle à Tarantino pour l’excentricité des personnages et aux frères Coen pour les dialogues. Et force est de constater que si l’on aime ce cinéma, ce qui est mon cas, on ne peut qu’être séduit par ce roman. La candide Stella se retrouve au milieu d’intrigues politico-religieuses, on parle d’elle dans les hautes sphères du pouvoir alors qu’elle ne pense qu’à sauver des hommes malades. Sa vie simple est chamboulée par Joseph Incardona qui ne se prive pas d’entrer dans son histoire en tant qu’auteur pour abréger telle action, pour expliquer pourquoi là, il faut remettre un peu de dynamisme sinon, le lecteur peut fuir
Une comédie grinçante et noire qui n’épargne pas les pontes du Vatican et de l’église en général : le nouveau Messie ne peut pas être une femme et encore moins une prostituée, sans critiquer la religion qui est affaire intime.
Dans un mélange réjouissant Joseph Incardona invoque l’Amérique profonde et celle de la consommation, de la religiosité, de la démesure où tout, même le plus improbable semble réalisable. Il écrit un roman sans temps mort, décalé et drôle, irrévérencieux et franchement épatant. Stella la "sainte-putain" est l’un de ces personnages qui entre doucement dans la tête du lecteur et s’y installe pour longtemps.