Cette histoire de sainte ne pourrait être qualifiée d’hagiographie ! Car elle ne répond pas aux recommandations officielles : une femme qui guérit en faisant don de son corps, cela n’est pas convenable. Et en haut lieu on est très contrarié par l’histoire qui risque de créer des remous sur la foule des ouailles catholiques.
C’est là que l’on assiste médusé à une chasse à la femme, perpétrée par deux tueurs qui non seulement n’en sont pas à leur premier contrat, mais font preuve d’une opiniâtreté obsessionnelle. Ils ne sont pas les seuls impliqués dans la traque, et c’est une course poursuite entre la presse et la mafia …
Autant dire que malgré les côtés sombres de l’histoire, le sujet est un fabuleux prétexte à mettre en avant les aberrations du système, et le résultat est un roman hilarant, aussi irrévérencieux que malin.
L’écriture joue sur des registres aussi divers qu’incompatibles en théorie :
"Le classique Dasein d’Heidegger : parmi toutes les possibilités, on reste attaché à ce qui est tangible. En perpétuelle transition entre le passé et l'avenir. Une fois que t'as compris ça, t'as plus à t'inquiéter de rien.–Ben, en attendant, l'homme de loin que je suis va aller chercher des bières et des clopes. Ras le cul, putain."
J’ai énormément apprécié ce roman, très différents de deux précédents de l’auteur, capable de nous procurer un grand plaisir de lecture dans des registres bien différents.